Elle se veut la première plateforme digitale pour accompagner les femmes africaines dans le développement économique. A sa tête, la Nigériane Hafsat Abiola. Pour elle, la femme, moteur économique de l’Afrique, doit assurer le renouveau du continent.
« Nous catalysons les idées, les énergies et les moyens d’action. Nous révélons et soutenons les talents », explique Women in Africa (WIA) sur son site. Nous sommes « le premier réseau de personnalités et d’expertise pour l’empowerment des femmes dans les 54 pays d’Afrique », n’hésite pas à proclamer l’organisation.
La plateforme a été créée par une française Aude de Thuin, qui était déjà à l’initiative du Women’s Forum for the Economy and Society (créé en 2005). L’idée de base est que l’Afrique sera le continent du XXIe siècle et que les femmes y joueront un rôle prépondérant. Les chiffres le démontrent déjà, selon WIA. L’Afrique serait le premier continent de l’entrepreneuriat féminin. Elles produisent 62% des biens économiques et une femme sur quatre a créé son entreprise.
27 ambassadrices
Le développement, façon WIA, s’appuie sur un réseau de 27 ambassadrices, des femmes installées à des postes stratégiques dans divers pays d’Afrique, mais aussi ailleurs dans le monde. Hormis la traditionnelle fonction de mise en relation, du type « Voici ma carte », propre à ce genre d’institution, WIA promet aussi une partie « formation » pour les jeunes entrepreneuses.
En 2018, la fondatrice Aude de Thuin passe le flambeau de WIA à une Africaine, Hafsat Abiola. La Nigériane de 44 ans n’est pas une spécialiste de l’entreprise. En revanche, la défense des droits humains n’a aucun secret pour elle, et pour cause. Elle a vécu une tragédie familiale. Son père, Moshood Abiola, est jeté en prison en 1993 à l’issue d’un énième coup d’Etat militaire faisant suite à des élections qu’il avait gagnées. Il y finira ses jours et son épouse sera assassinée lors d’une manifestation réclamant sa libération. Un drame qui pousse Hafsat Abiola à militer. Elle fonde une organisation pour promouvoir la démocratie dans son pays et lui donne le nom de sa mère, la Kudirat Initiative for Democracy (Kind).
Sa détermination est payante et les récompenses pleuvent. En 2000, au sommet de Davos, la voilà propulsée « leader mondial de l’avenir ». Puis c’est la politique et le cabinet du gouverneur de l’Etat d’Ogun dans son pays, le Nigeria.
Un tantinet idéaliste, elle voit la femme africaine en sauveur du continent. « Que les femmes s’impliquent plus. On leur demande de prendre des risques, les hommes comprennent qu’ils vont perdre de leur pouvoir. On doit avancer en groupe, être plus présentes, soutenir les femmes« , explique-t-elle à TV5. Beaucoup d’espoir, de vœux, mais dans la pratique, pour un vrai développement de l’Afrique, il faudra sortir de cet entre-soi qui met surtout en relation les élites entre elles.
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