D’après des informations du New York Times, les trois services continueront d’exister séparément mais l’intégration au sein d’une même architecture technique permettra de créer des ponts à différents niveaux.
Impossible aujourd’hui d’être sur Facebook et d’échanger depuis Messenger avec un interlocuteur qui utilise WhatsApp. C’est que va changer, entre autres, l’intégration des infrastructures techniques des trois plateformes du réseau social, décidée par Mark Zuckerberg il y a quelques mois, selon des informations révélées par le New York Times . «Nous cherchons des moyens de faciliter la communication avec vos amis et votre famille via des réseaux», a indiqué Facebook au quotidien. Le projet en serait pour l’instant à un stade très préliminaire, mais Mark Zuckerberg souhaiterait le voir achevé au plus tard début 2020. Il y a encore «beaucoup de discussions et de débat» sur la façon dont le système fonctionnera, a ajouté Facebook.
En permettant à ses utilisateurs d’échanger des messages entre ses différentes plateformes, Facebook espère pouvoir les garder plus longtemps dans son giron. En 2018, le nombre des utilisateurs de Facebook a plafonné aux États-Unis, voir reculé en Europe et les plus jeunes s’en détournent. Dans certaines zones géographiques comme l’Inde ou l’Amérique du Sud, WhatsApp est bien plus populaire que Facebook. En face, Google revendiquait en octobre dernier 1,5 million d’utilisateurs de sa messagerie Gmail. Et Apple se targuait l’an dernier d’équiper 1,3 milliard d’appareils dans le monde, dont une bonne partie est susceptible de s’échanger sur iMessage, sa propre plateforme de messageries.
Malaise en interne
Autre avantage d’une intégration plus étroite pour Facebook: proposer plus facilement de services publicitaires efficaces. Aussi populaires soient-elles, les applications Messenger et WhatsApp peinent pour l’instant à être monétisées. Ce n’est pas le cas d’Instagram, véritable moteur de croissance de Facebook, grâce à des produits publicitaires très efficaces.
Ce mouvement, voulu par Mark Zuckerberg, a créé un certain malaise en interne et provoqué plusieurs départs. En mai dernier, Jan Koum, le second cofondateur de WhatsApp claquait la porte, quelques mois après le départ de Brian Acton . En septembre, ceux d’Instagram leur emboîtaient le pas. Lors du rachat de ces deux services, Mark Zuckerberg avait promis qu’Instagram et WhatsApp garderaient une certaine indépendance. La donne a changé.
La tâche est d’ampleur et les difficultés techniques à surmonter, nombreuses. Des milliers de développeurs vont devoir reconfigurer la façon dont WhatsApp, Facebook Messenger et Instagram – trois plateformes créées indépendamment – fonctionnent au niveau le plus profond. Si WhatsApp est déjà une messagerie chiffrée de bout en bout, ce n’est pas le cas des deux autres applications. Selon les sources du New York Times, Mark Zuckerberg souhaiterait que ce chiffrement devienne le standard. Les messages des utilisateurs deviendraient dès lors inaccessibles à qui ne possède pas de clé de déchiffrement, en l’occurent l’expéditeur et destinataire.
L’intégration pose aussi des questions sur les échanges de données et les conditions du respect du règlement européen sur la protection des données (RGPD). En mai 2017, l’Europe avait sanctionné Facebook d’une amende 110 millions d’euros pour avoir modifié sa politique de confidentialité en permettant d’associer les numéros de téléphone des utilisateurs de WhatsApp aux profils d’utilisateur de Facebook, alors qu’elle avait promis lors du rachat qu’elle ne serait pas en mesure d’établir de manière fiable la mise en correspondance automatisée entre les comptes d’utilisateurs de Facebook et ceux de WhatsApp.
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