La surcharge dans les moyens de transport, notamment dans les minibus Tata, est un phénomène récurrent qui constitue un danger permanent pour la société sénégalaise en général et pour les usagers en particulier. Ce même phénomène a été à l’origine du naufrage le « Joola » une catastrophe maritime qui a fait des milliers de morts. Treize ans après, les mêmes habitudes se perpétuent.
D’aucuns évoquent l’insolence des chauffeurs qui ne respectent pas les codes de la route, d’autres soulignent l’accroissement de la population qui implique une demande largement supérieure à l’offre. Cependant, il est à préciser que la surcharge est certes un danger mais le client semble contraint des fois à ne pas en tenir compte faute de moyens et de temps. Le client qui doit se rendre à un lieu donné et qui patiente des heures durant ne peut que prendre le premier bus qui se présente à lui. Et le tarif étant abordable, toute la population converge vers ces moyens de transport, en dépit du danger qui se présente à lui au cours des trajets entre le domicile et le lieu de travail.
Rejet de responsabilité des uns sur les autres
Du côté des passagers, ce fait est entièrement de la faute des chauffeurs. Khady une étudiante qui rallie chaque jour Guédiawaye à l’Université confie :
« Je prends chaque jour le 24 et je peux vous assurer que je n’ai la conscience tranquille que lorsque je descends de ce bus. Il arrive dés fois qu’il soit tellement surchargé que l’on a l’impression d’être dans une boite de sardine et ce qui me fait le plus mal c’est l’insolence des chauffeurs. Ils conduisent comme bon leur semble et pire ils font la course lorsqu’un autre tente de les doubler surtout s’ils appartiennent à la même ligne. C’est vraiment inquiétant parce qu’on ne se sent pas en sécurité dans ces Tata, mais nous sommes obligés de les prendre pour ne pas arriver en retard ».
Une dame assise à côté d’elle ajoute :
« La responsabilité est partagée entre les chauffeurs et les usagers parce que, les premiers ne font que ce qui les intéressent et peu importe qu’il soit plein comme un œuf ; les seconds étant des fois pressés ne pensent plus à la surcharge, c’est à eux d’éviter cela et de prendre leur mal en patience. »
Les chauffeurs quant à eux pointent du doigt les usagers. Trouvé au terminus 24 sis à Guédiawaye, Mamadou Dieng la soixantaine dépassée et affectueusement appelé Pa Dieng commence par nous raconter l’histoire des Tata en ces termes :
« J’ai été chef de garde à la Sotrac et c’est moi qui ai lancé le 05 Décembre 2005 la ligne 1 puis la ligne 5. Quant à la ligne 24, je l’ai lancé en janvier 2006 devenant ainsi la première ligne de la Banlieue. Aujourd’hui, je suis le régulateur de cette dernière. Pour ce qui est de la surcharge des bus, ni les chauffeurs ni les receveurs ne veulent que leur bus soit surchargé parce qu’elle endommagerait le bus et la moindre secousse peut détériorer les pièces ; le client doit être conscient et attendre un autre bus. Cependant, il est à noter que l’offre est inférieure à la demande car si les bus circulaient régulièrement et que leur délai d’attente était réduit jusqu’à 5 minutes il n’y aurait pas de surcharge. Il y a aussi le fait qu’à des heures de pointe, tous les clients veulent partir en même temps surtout les lundi matin et là nous sommes obligés de réduire les durées d’attente. L’objectif principal des bus c’est de rendre service à la population ; alors c’est aux clients de respecter les normes mais aussi il importe d’essayer d’augmenter les bus pour apporter de la quiétude et de la satisfaction aux voyageurs ».
En définitive, la responsabilité parait partagée et il urge de prendre des mesures idoines avant que l’irréparable ne se produise. Il est important d’augmenter les moyens de transport en commun, qu’il ait une forte présence des forces de l’ordre pour veiller à la bonne conduite des chauffeurs. Les usagers aussi devraient prendre conscience des dangers qui les guettent. L’Etat, lui, a de multiples responsabilités, notamment celles de sensibiliser son peuple et d’éradiquer ce phénomène.