La vie de l’étudiant est parsemée d’épines, tantôt il fait face à des problèmes sociaux, tantôt à des problèmes financiers. Et, face à toutes ces vicissitudes qui taclent son quotidien, l’étudiant se tourne vers d’autres alternatives comme les « petits boulots » en vue d’être indépendant et subvenir à ses besoins. L’étudiant est toujours exposé à des problèmes et il peut arriver qu’il accepte toute offre qui se présente à lui pour sortir du « pétrin » habituel lié à sa vie au campus. L’argent est vital dans le milieu estudiantin, des étudiants restent sans manger faute de tickets de restauration, d’autres n’ont pas de logement et dorment dans les couloirs. Est-ce qu’une personne dans cet état est en mesure d’étudier ?
Ce phénomène est très récurrent et existe presque dans tous les campus et cela serait dû au fait que les étudiants perçoivent tardivement leur bourse ou qu’ils n’en possèdent même pas. Où est-ce qu’ils trouvent les ressources nécessaires pour satisfaire leurs besoins dans un contexte où rien n’est gratuit ? Ils cherchent à tout prix à travailler or le besoin peut les amener à accepter à n’importe quel travail.
Trouvée dans sa chambre à la cité Aline Sitoé Diatta (ex-Claudel), Aida une étudiante au département d’Anglais se confie :
« Je suis de la Région de Kaolack et il arrive que j’aies des problèmes financiers. Puisque je me débrouille pas mal en coiffure, je la pratique de temps à autre. Ce n’est pas très bien payé mais cela peut résoudre quelques problèmes, or cela ne m’empêche en rien d’étudier ».
De son côté, Sokhna, étudiante à la Faseg à l’Ucad, argumente :
« Après l’obtention de ma licence, j’ai postulé pour un petit boulot dans une agence de transfert d’argent. C’est ainsi que j’allie travail et étude, ce qui m’a permis d’avoir une expérience professionnelle mais aussi et surtout de subvenir à tous mes besoins. Je n’ai plus besoin de quémander ; c’est une bonne chose en tout cas ! ».
D’autres semblent plus ambitieux, comme c’est le cas de cet étudiant en Biologie à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis qui explique :
« J’ai un projet en cours avec un copain qui consisterait à acheter des produits à Dakar et à les livrer sous commande aux étudiants de l’UGB. Nous allons surtout profiter des vacances comme la semaine de la jeunesse et les week-end pour effectuer les achats. A côté de cela aussi, puisque je suis biologiste, je compte pratiquer de l’aviculture qui sera une sorte de métier me permettant d’avoir de l’argent et de l’expérience ».
La vie au campus étant dure et très chère, les étudiants ne peuvent pas toujours attendre des parents qu’ils satisfassent leurs moindres désirs, d’autant plus qu’ils sont désormais des « enfants de plus de 21 ans ». Or, plus on prend de l’âge, plus les soucis croissent. D’aucuns s’adonnent alors à des travaux journaliers comme la maçonnerie ; d’autres partent d’usine en usine pour s’inscrire en manœuvres. Quant aux filles, elles n’hésitent pas pour la plupart à se convertir par moment en ménagères et à parcourir les entreprises en vue de nettoyer les bureaux. Mais de telles pratiques ne vont pas sans risques. D’ailleurs, il est courant que certaines filles subissent des propositions indécentes communément appelés « promotion canapé » et qui consistent à se livrer sexuellement afin de décrocher un poste au sein d’une structure. Ceux qui n’ont pas la chance d’exercer un travail descend se rabaissent à de la débauche, en l’occurrence la prostitution.
Certes gagner un peu d’argent permet de s’assumer totalement mais cela permet aussi de développer des expériences dans le monde du travail, de faciliter l’insertion professionnelle et d’acquérir des connaissances utiles à une future carrière. Toutefois, la question relative au risque d’abandon ou de fragilisation des études ne peut être occultée. Cela est d’autant plus persistant qu’un adage bien connu dit qu’« on ne peut pas courir derrière deux lièvres ».