L’utilisation de la voix se développe de plus en plus chez les jeunes générations, nées avec les réseaux sociaux. Dans leur smartphone, les messages vocaux prennent de plus en plus de place et les grandes plateformes l’ont bien compris.
Ce matin-là dans le métro parisien, on ne distingue aucun texte sur le smartphone de Laura. Pourtant, elle est en pleine conversation avec une de ses amies. Sur son écran, on aperçoit seulement des boutons “play” et de longues courbes symbolisant des messages vocaux. Laura ne tapote plus sur son écran mais tient son téléphone à proximité de sa bouche pour discuter. Elle préfère parler plutôt qu’écrire. «C’est comme si on était face à face, il n’y a plus cette barrière de l’écrit» selon elle. À l’image de cette lycéenne parisienne, c’est toute une génération, née avec les nouvelles technologies, qui préfère communiquer par messages vocaux. Principaux arguments: le gain de temps, la possibilité de faire d’autres choses en même temps (cuisiner, dessiner, se promener sans avoir la tête dans son téléphone) mais aussi l’envie de transmettre des émotions ou des informations de façon plus authentique sans risquer la faute de frappe ou les quiproquos. C’est ce que note Antoine Pujo, 19 ans, responsable d’une association étudiante dans une école de commerce parisienne, qui ne communique que par messages vocaux avec ses collègues. «Quand on organise des évènements, il faut être sûr que l’information passe bien et qu’elle soit bien comprise, la voix nous aide beaucoup pour ça. Les émoticônes ou les messages texte sont trop ambigus» selon lui.
Autant de changements dans les usages qui ne surprennent pas Catherine Lejealle, sociologue spécialisée du numérique et chercheuse à l’ISC Paris. «Nous sommes face à une génération à la demande qui ne veut pas s’adapter à la temporalité de l’autre. Les adolescents ne reçoivent plus de coups de fil: ils les considèrent intrusifs et trop prenants en termes de temps» selon elle. Grâce à leur simplicité et leur rapidité, les messages vocaux correspondent parfaitement au rythme de vie des adolescents souvent en mouvement, notamment dans les transports.
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