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Hausse des frais de scolarité : des universités s’alarment des baisses des candidatures étrangères

Université de Lille-Frais d'inscription/Hausse des frais/augmentation des frais universitaires

Deux mois après l’annonce par le gouvernement d’une forte augmentation des frais d’inscriptions pour les étudiants étrangers, les universités françaises constatent des baisses importantes de candidatures.

Exonérer les doctorants étrangers de la hausse des frais de scolarité, voilà la principale recommandation de la Mission de concertation sur la stratégie «Bienvenue en France», rendue publique lundi. Ces cinq personnalités «qualifiées» nommées par le ministère de l’Enseignement supérieur pointent le rôle essentiel des thésards dans la recherche française. En attendant les annonces rassurantes de la part de la ministre Frédérique Vidal sur leur sort, d’autres inquiétudes subsistent au sein des universités.

Le 5 février, Campus France (l’agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, sous la tutelle des ministères des Affaires étrangères et de l’Enseignement supérieur) a annoncé que le nombre d’étudiants étrangers hors Union européenne candidats à une première année à la fac est en baisse de 10% pour la rentrée prochaine. Et ce deux mois après l’annonce, de la part du gouvernement, d’une forte augmentation des frais d’inscriptions (2 770 euros en licence, au lieu de 170 euros auparavant et 3 770 euros en master et doctorat, au lieu de 243 euros et 380 euros). Malgré la baisse des inscriptions, Frédérique Vidal s’est félicitée, dans la foulée, d’une «d’une sorte de stabilité dans les préinscriptions», lors d’une intervention à l’Assemblée nationale. Or, dans son communiqué, Campus France fait état d’«une baisse de -10% des candidats ayant soumis leur dossier, soit 28 294 dossiers soumis à ce stade, comparés à 31 532 dossiers en 2018» et souligne que ces premiers chiffres «ne concernent que les candidatures en licence 1, via la plateforme Etudes en France. La procédure pour les inscriptions en licence 2, licence 3, master et doctorat est encore en cours. Elle se terminera (hors doctorat) le 20 mars. Nous n’avons donc pas encore d’éléments stabilisés ou même de tendance à ce stade.»

87% candidatures en moins à l’Université Paris-VIII

Difficile donc de tabler sur une «stabilité» et d’affirmer que «les craintes [du monde universitaire] s’avèrent infondées». A un mois de la clôture des préinscriptions, Libération a contacté des universités avec un pourcentage d’étudiants étrangers importants pour tenter de dégager une tendance sur tous les niveaux (licence, master, doctorat). En prenant en compte toutes les demandes sur le cycle LMD, la baisse des préinscriptions est bien plus alarmante. L’Université Paris-VIII accuse une baisse de 87% candidatures d’étudiants étrangers tous niveaux confondus. Il convient de préciser que l’université Vincennes-Saint-Denis est l’établissement supérieur avec le plus grand pourcentage d’étudiants étrangers hors Union européenne (24% en 2016, selon un rapport de la Cour des comptes). Pour expliquer cette baisse, Annick Allaigre, présidente de l’université rappelle au Journal de Saint-Denis que «les universités n’ayant pas été concertées [sur la hausse des frais d’inscription, ndlr], il y a eu d’abord un effet de sidération, puis d’inquiétude».

En seconde position derrière Paris-VIII avec ses plus de 20% d’élèves extracommunautaires, l’université du Havre accuse également une baisse importante des préinscriptions. «Nous sommes à 50% de candidatures en moins par rapport à fin janvier 2018», constate Mickaël Hauchecorne, vice-président délégué de l’université en charge de l’international. Il précise que la majorité des étudiants extracommunautaires ne sont pas en licence 1 : «Des pans entiers de nos départements et disciplines (mathématique, physique, ingénieur, génie civil, génie électrique, physique etc.) ont un pourcentage très élevé d’étudiants étrangers, notamment en Master.» Cette baisse, l’établissement s’y attendait. «Nous avons reçu une grande quantité de mails d’étudiants qui s’inquiètent de ne pas pouvoir nous rejoindre pour des raisons financières. Beaucoup d’étudiants se sont renseignés avant de candidater», détaille Mickaël Hauchecorne, conscient que de nombreux étudiants ont déjà du mal à joindre les deux bouts malgré le soutien du tissu associatif havrais. «Imaginez la situation lorsque nous passerons à 2 700 euros ou 3 770 euros», interpelle-t-il.

«L’effet dissuasif joue à plein pot»

L’université Lumière-Lyon-II (15% d’étudiants non-européens en 2016) reporte à la fin janvier 2019 une baisse des inscriptions de 39% tous niveaux confondus. «Nous nous y attendions un peu, l’effet dissuasif est en train de jouer à plein pot», précise Jim Walker, vice-président en charge des relations internationales. Et de préciser lui aussi que les chiffres varient selon les disciplines. A Lyon-II, fin janvier, il y avait par exemple 724 étudiants algériens inscrits contre 2 214 l’an dernier à la même période. «Je me mets à la place d’un étudiant algérien qui est en train de préparer une candidature en France, j’y réfléchis à deux fois avant de postuler», lâche Jim Walker. «Est-ce que c’est alarmant à long terme ? Je ne sais pas. Mais pour la rentrée prochaine c’est très inquiétant», finit-il par concéder avant de nuancer : «Il est compliqué de tirer un enseignement définitif avant le 20 mars.»

Avec un taux de 11% d’étudiants extracommunautaires, l’université de Lorraine est passée de 21 911 préinscriptions sur Campus France début février 2018 à 14 215 candidatures à la même date cette année. L’établissement n’a pas souhaité commenter ces chiffres. A Rennes-II, où le pourcentage d’étrangers est quasi semblable, on constate une baisse de 26% de candidatures sur la plateforme Etudes en France. «L’incertitude nous met en difficulté. Nous ne savons pas comment les universités qui souhaitent exonérer les étudiants extracommunautaires vont s’y prendre. On n’a toujours pas d’instructions précises sur la manière dont les bourses vont être distribuées. On ne sait pas si le plafond sera augmenté ou pas, ni comment il sera calculé. Les étudiants nous interrogent et nous n’avons pas de réponse à leur donner. Ça ne fait pas trop sérieux. On est quand même en février. Et la rentrée approche», s’inquiète Lesley Lelourec, vice-présidente chargée chargée de l’international à Rennes-II.

Des préconisations pour sortir de l’impasse ?

Pierre van de Weghe, le vice-président des relations internationales de l’université Rennes-I, constate une baisse de 30% des préinscriptions. Pour lui l’effet d’éviction est manifeste mais, à l’instar des autres universités, il estime qu’il faut prendre ces chiffres avec précaution : «La plateforme d’inscription a ouvert avec deux semaines de retard. De plus la seule indication concrète sera le nombre d’élèves définitivement inscrits à l’issue de l’été 2019. Toutes les demandent préinscriptions n’aboutissent pas une inscription définitive.» L’inquiétude si elle est légitime doit «être relativisée». Il précise également que le gros du contingent d’étudiants étrangers dans son établissement se situe en master (50%) et en doctorat (30%).

Les auteurs du rapport paru lundi ont estimé (selon leurs calculs) qu’à la rentrée prochaine, tous les établissements (sauf l’université de La Rochelle «d’ores et déjà au-dessus des 10% prévus par le code») pourront exonérer leurs étudiants extracommunautaires. Grâce au décret de 2013 permettant à une université d’exonérer de frais ses étudiants dans la limite de 10% de ses effectifs. Les cinq personnalités proposent d’ailleurs que le taux d’exonération soit fixé à terme à 15% et invite l’exécutif à modifier le code de l’éducation pour inclure la possibilité d’une exonération partielle des frais. Sauf que là encore, tout est entre les mains de la ministre de l’Enseignement supérieur qui doit encore consulter les partenaires sociaux avant de faire des annonces. Depuis le mois de décembre, au moins dix-sept établissements ont annoncé leur volonté de garantir une formation «de qualité et sans surcoût pour les étrangers».

liberation.fr

Written by Arame

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