L’exhumation du corps de l’ex-président burkinabè, Thomas Sankara, assassiné en 1987 lors d’un coup d’État, a débuté lundi à Ouagadougou. Le gouvernement de Blaise Compaoré, déchu en octobre, avait toujours refusé d’ouvrir le dossier. Près de 28 ans après la mort de l’ex-président burkinabè, la dépouille de Thomas Sankara a été exhumée lundi 25 mai à Ouagadougou, au Burkina Faso. Une opération conduite par trois médecins – un Français et deux Burkinabès – qui entre dans le cadre d’une instruction ouverte fin mars.
Si les réponses que devrait apporter cette démarche ne sont pas encore connues, l’exhumation du corps représente d’ores et déjà l’aboutissement d’une longue procédure.
Beaucoup de questions restent en suspens en ce qui concerne les faits survenus le 15 octobre 1987 à Ouagadougou. Alors président, Thomas Sankara est assassiné, en compagnie de 12 de ses compagnons lors d’un coup d’État qui portera Blaise Compaoré au sommet du pouvoir pendant 27 ans. Il est par la suite enterré à la sauvette. Selon la version officielle, l’icône du panafricanisme aurait été inhumée au cimetière de Dagnoën (quartier est de Ouagadougou), mais sa famille et ses nombreux partisans doutent que son corps s’y trouve réellement.
Rechercher la cause de la mort
Très attendue, cette exhumation permettra « d’identifier grâce à des tests ADN si c’est effectivement le corps du président Thomas (Sankara) qui se trouve dans cette tombe » mais aussi de « rechercher la cause de la mort », avait précisé en amont l’avocat de la famille Sankara, Bénéwendé Stanislas Sankara (qui n’aucun lien de parenté avec l’ancien chef de l’État). Selon le certificat de décès, qui présente la version officielle – le leader emblématique aurait succombé à une « mort naturelle ».
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Le doute est d’autant plus présent que le régime de Blaise Compaoré a toujours refusé d’ouvrir une enquête, malgré les nombreuses demandes de la famille et des proches de Thomas Sankara – la première plainte déposée pour assassinat date de 1997.
Faisant fi d’une recommandation du Comité des droits de l’Homme de l’ONU, en 2006, puis d’une décision de la Cour africaine des droits de l’Homme, en 2008, qui ordonnait la tenue d’expertises, le gouvernement Compaoré a, une à une, jugé irrecevables les requêtes de la famille.
Le symbole Sankara
L’exhumation a finalement été rendue possible par la chute de Blaise Compaoré, chassé par la rue en octobre dernier, alors qu’il voulait réviser la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Au cours de ce soulèvement populaire, la figure de Thomas Sankara, révolutionnaire loué pour son intégrité, s’est imposée comme la référence politique majeure des manifestants.
Début mars, le gouvernement de transition a autorisé l’exhumation.
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À cinq mois de l’élection présidentielle au Burkina Faso, l’exhumation du corps de Sankara représente un événement symbolique pour la jeune génération de Burkinabè, dont la plupart des membres n’étaient même pas nés en 1987. « La jeunesse du pays […] écoute en boucle ses rares discours enregistrés, s’échange sous le manteau des t-shirts à son effigie », expliquait Julien Sauvaget, journaliste à France 24, dans un reportage publié mi-avril.
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