La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) organise, à partir de ce lundi, à Dakar, un atelier de trois jours (22-24 juin) marquant le lancement d’un projet régional visant à éradiquer « le phénomène des enfants dans la rue », dans ses 15 pays membres.
Cette rencontre se tient à l’hôtel King Fahd, selon un communiqué de l’organisation régionale. Elle démarre par un conclave d’experts, qui sera suivi de la cérémonie officielle de lancement « proprement dite », mardi, de 10h à 11h30.
La cérémonie sera présidée par le Premier ministre sénégalais, Mahammed Dionne
Cette cérémonie sera marquée par les allocutions de la commissaire aux Affaires politiques, Paix et Sécurité de la Cédéao, de sa collègue chargée du Genre et des Affaires sociales, de la présidente de la Cour de justice et du président du Parlement de l’organisation.
Cette rencontre est la première d’une série d’activités prévues par le « Plan d’action biannuel (2015-2017) pour l’éradication du syndrome des enfants dans la rue dans l’espace Cédéao », selon le communiqué.
L’atelier « permettra de procéder au cadrage du phénomène et d’établir une approche de lutte fondée sur des lois et stratégies de mise en œuvre appropriées ».
Les initiatives des Etats contre ce « syndrome », ses conséquences socio-économiques et sécuritaires, et les lois adoptées afin de l’éradiquer seront étudiées à Dakar par les experts et représentants des pays membres.
La Cédéao dit avoir constaté que l’expression « enfants dans la rue » est l’objet d’ »un vaste débat ».
Dans ce contexte-là, précise-t-elle, « les experts et décideurs politiques utilisent la définition de l’Unicef selon laquelle ce sont des garçons et filles, âgés de moins de 18 ans et pour lesquels la rue (…) est devenu le domicile et/ou la source de subsistance ».
L’organisation de 15 Etats membres rappelle que ces enfants « ne bénéficient ni d’une protection, ni d’une supervision adéquates ».
Cinquante mille enfants dans les rues de Dakar
Même si « ces enfants se trouvent dans plusieurs grandes villes du monde, le phénomène est plus récurrent dans les centres urbains densément peuplés des pays en développement ou des régions économiquement instables, principalement sur le continent africain », explique la Cédéao.
« Au Sénégal, indique-t-elle, rien que Dakar, la capitale, compte plus de 50 mille de ces enfants, et il en existe plus de 100 mille dans les autres villes du pays, d’après l’Unicef. »
Dans ce même pays, il s’agit « essentiellement des +talibés+ (élèves de l’école coranique, Ndlr), ces garçons âgés de six à 12 ans [et] confiés par leur famille à des maîtres appelés marabouts, qui sont chargés de leur apprendre le Coran ».
« Les causes du phénomène sont variées, mais elles sont souvent liées à un bouleversement domestique, économique ou social, notamment la pauvreté, l’éclatement des foyers et/ou des familles, les troubles politiques… » explique l’organisation régionale.
Elle liste d’autres causes de ce « phénomène » : « les abus sexuels, la violence physique ou émotionnelle, la violence domestique, les problèmes de santé mentale et l’abus des substances nocives ».
Le « syndrome des enfants dans la rue » engendre un « important impact négatif (…) sur le développement socioéconomique de la région ouest-africaine », selon la Cédéao.
Il fait partie des « nouvelles menaces sécuritaires identifiées dans la région », aux côtés du trafic de drogues et d’êtres humains, le crime organisé, le terrorisme et l’épidémie de fièvre Ebola, signale l’organisation.
« La lutte contre le phénomène constitue une priorité pour la Cédéao », qui s’engage, dans le cadre de son programme dénommé « Vision 2020 », à faire en sorte que les « citoyens » de ses pays membres « jouissent d’un environnement sécurisé et pacifique (…) pour un développement socioéconomique durable et de meilleures conditions de vie ».
« L’objectif stratégique de l’approche régionale pour l’éradication du syndrome des enfants dans la rue est fondée sur la réalisation de la ‘Vision 2020’ de la Cédéao et la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant », précise le communiqué.
Il ajoute que « le projet vise à développer une approche pluridimensionnelle globale assortie de systèmes forts et de structures d’appui à l’éradication de ce syndrome, dans l’espace Cédéao, et à créer un environnement protecteur des enfants vulnérables ».
L’Unicef, Children of the Street, International Crisis Group, Human Rights Watch, Amnesty International et d’autres organisations participent à l’organisation de l’atelier de Dakar, selon le communiqué.
Aps