Le continent africain devrait enregistrer 4 % de croissance en 2019, selon la Banque africaine de développement. Pour absorber le choc démographique, il faut créer un environnement permettant aux petites entreprises de se développer.
Passé le creux de 2016, l’Afrique consolide sa croissance pourtant freinée par une vulnérabilité persistante aux chocs mondiaux. Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques, la Banque Africaine de Développement (BAD) ne fait pas preuve d’un optimisme débridé : ses experts anticipent une croissance de 4 % en 2019 après +3,5 % en 2018.
Certes, le continent n’est pas homogène : entre les +5,7 % (2018) de l’Afrique de l’est et les +1,2 % de l’Afrique australe, il y a la partie francophone (+3,3 %) et l’Afrique du nord (+4,4 %). Mais s’il veut maintenir ce rythme de développement (+4,1% prévus en 2020) et limiter une croissance à plusieurs vitesses, il doit surtout « réduire sa dépendance vis-à-vis de quelques produits de base exportés pour stimuler la croissance » souligne le rapport.
Ralentissement de la croissance mondiale
Dans l’immédiat, la croissance africaine risque de pâtir d’une intensification des tensions commerciales attisées par les Etats-Unis. De nouvelles crispations auraient, invariablement, un impact sur la croissance mondiale et par extension, ralentirait la demande en matières premières et pèserait donc mécaniquement sur les cours. Sans être directement concernée, l’Afrique fera partie des victimes collatérales d’un conflit commercial qui ne la concerne pas. Pour sortir de cette mécanique, la BAD estime qu’il faut entreprendre « les changements structurels profonds qui supposent la mobilisation d’importantes ressources pour financer le développement ».

Baisse de l’Aide au développement
Dans un contexte marqué depuis 2013 par une réduction régulière de l’Aide publique au développement (APD), l’Afrique doit élargir ses ressources financières concentrées autour des activités minières et des taxes. La plupart des pays africains bénéficient, souligne l’étude, « d’envois de fonds qui dépassent désormais l’APD et les investissements directs étrangers, sans compter les montants qui transitent par des canaux informels ». Le montant de ces derniers pourrait être égal à la moitié de ceux qui empruntent des voies légales. « Les politiques visant à réduire le coût des transferts d’argent et à améliorer les plates-formes d’investissement de la diaspora […] peuvent accroître la disponibilité des ressources critiques pour le financement du développement » propose la BAD.
Un million d’emplois nouveaux chaque mois
L’Afrique doit tout autant gérer sa démographie puisqu’à l’horizon 2030, le continent comptera un milliard d’habitants contre 705 millions actuellement. Un bond qui oblige à la création d’un million d’emplois par mois absorber le surplus de main-d’oeuvre.
Or, si les tendances des dernières années se maintiennent, ce sont 100 millions de chômeurs supplémentaires qui seront dénombrés en 2030. Une situation souvent masquée par le taux d’emploi informel qui dans certains pays atteint 90 % (72 % en moyenne sur le continent).
Le problème de fond tient aux petites entreprises qui ont peu de chances de grossir pour devenir des PME, et encore moins des ETI. Or « la prépondérance des petites entreprises pèse sur la productivité globale du continent en particulier dans le secteur manufacturier » constate le rapport. Et de recommander une meilleure gestion du risque: « il faut faire davantage pour encourager les grandes sociétés à créer des entreprises en Afrique pour aider les petites à se développer en levant les contraintes telles que la faiblesse des infrastructures , l’instabilité politique ou la corruption».
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