Les chercheurs critiquent la communication des hommes politiques sur Twitter. C’est le cas de Yannick Chatelain, spécialiste du marketing digital à l’Ecole de management de Grenoble en France, et du linguiste Julien Longhi. Leurs analyses sont rapportées par la plateforme Chercheurs d’Actu.
« Twitter permet aux politiques de parer aux critiques les taxant d’être trop éloignés du terrain, mais peut aussi conduire à une trop grande exposition. Garder la bonne distance, c’est toute la difficulté », prévient Julien Longhi. « Le risque est de virer à une communication hystérique. Le politique qui twitte trop suscite une perplexité: Twitte-t-il ou gouverne-t-il? », ajoute Yannick Chatelain, auteur du pamphlet Dis, tu t’es vu quand tu tweet?
S’exprimer en 140 signes dans un tweet, et être bien compris, peut s’avérer bien difficile. Déjà, il est impossible de dérouler son programme politique, soutient Julien Longhi, maître de conférences en sciences du langage à l’université Cergy-Pontoise. « Afin de condenser une idée, on peut être conduit à utiliser des mots plus forts ou plus généraux, et donc à radicaliser ses propos », ajoute le linguiste qui poursuit : « La manière dont les internautes vont les interpréter peut être en décalage avec l’état d’esprit de l’auteur lors de la rédaction. Par conséquent, il est crucial de rattacher chaque tweet à un thème ou un événement. »
Eu égard à la petite longueur des tweets, certains hommes politiques se limitent à des phrases chocs, des slogans ou des jeux de mots, finalement creux. C’est pourquoi, les médias sociaux ne sauraient suffire pour communiquer, malgré leur prégnance dans la vie des citoyens. D’ailleurs, rappelle Yannick Chatelain : « Il est normal que les politiques soient soucieux des réseaux sociaux, mais tout le monde n’a pas de compte Facebook. »
« Les réseaux sociaux permettent de jouer sur différents registres, en privilégiant, selon les cas, une posture institutionnelle ou plus proche », convient-il. Ainsi, un homme politique peut utiliser son compte personnel ou celui de l’institution qu’il incarne. Sur le premier, il s’adresse plus directement aux internautes. Le second compte sert davantage à annoncer des décisions, des évènements ou son agenda dans le cadre de ses fonctions au sein de l’institution.
Se tromper de registre ou à vouloir trop jouer sur la proximité, peut être néfaste pour l’image de l’homme public. Ainsi en 2012, Cécile Duflot, alors ministre de l’Égalité des territoires et du logement, a-t-elle essuyé des moqueries en France lorsqu’elle a tweeté en 2012 une recette cuisine.
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