L’ère France Télécom, révolue en 2013 avec l’adoption de la marque Orange pour l’ensemble du groupe, semble déjà loin. Le français met le cap sur l’Afrique et les services financiers.
En Afrique, Orange est presque autant synonyme de banque que d’opérateur mobile… Le groupe français touche 110 millions de clients dans 15 pays sur le continent – contre 27 millions dans l’Hexagone. Parmi eux, 15 millions ont affaire au service de paiement Orange Money – ce que l’ex-France Télécom espère doubler d’ici à 2018. En 2014, 5 milliards d’euros ont transité sur la plateforme. Alors Orange va encore plus loin.
Reposant sur Orange Money, voici Orange Collecte. C’est un service de financement participatif entièrement sur mobile. Introduite en Côte d’Ivoire d’abord, cette plateforme « offre la possibilité aux particuliers et aux associations de financer leurs projets personnels » indique Orange dans un communiqué. Par exemple, des mariages, des anniversaires… Mais aussi des projets caritatifs comme des cotisations et autres événements.
Pour se lancer dans ce métier qui lui était jusque-là inconnu, l’opérateur s’est associé à HelloAsso, un expert en collecte de dons. La grande originalité de ce service, créé en 2010, est qu’il ne perçoit aucune commission sur les transactions. Son modèle économique repose sur des pourboires. Mais pour assurer ses arrières, la jeune entreprise s’est aussi associée à de grands groupes à qui elle propose ses services en marque blanche.
Des transferts par mobile
Dans le cas d’Orange Collecte, l’accent a été mis sur la simplicité, expliquent les partenaires. Après avoir créé une cagnotte, les utilisateurs composent le « #144*8# » sur mobile ou se rendent sur collecte.orange.com.
« Une association souhaitant proposer une collecte devra au préalable créer un compte Orange Money qui lui est dédié, explique-t-on. Quant aux contributeurs, ils choisissent une collecte, précisent le montant qu’ils souhaitent verser et valident le tout. Ils peuvent à leur tour inviter leurs contacts à participer à la collecte. »À la fin de chaque opération, le montant récolté est automatiquement transféré sur le compte Orange Money.
Orange a bâti cette offre sur l’observation qu’en Afrique subsaharienne, 24% de la population dispose d’un compte bancaire, alors que plus de 80 % des habitants sont équipés de téléphones mobiles. L’Afrique est le continent le plus prometteur pour le français, qui réalise une croissance de l’ordre de 10 %, bien plus qu’en France, et tire 50 millions d’euros de recettes de ses services monétaires – ce qu’il veut quadrupler en 2018.
Soutien local aux start-up
Ce n’est pas tout. L’opérateur compte se développer en Afrique en attaquant la question par l’innovation et son accompagnant sur place. Il y a un an, il ouvrait une antenne à Abidjan de son accélérateur de start-up Orange Fab. En début d’année, la société de Stéphane Richard injectait 1 million d’euros dans Afrimarket, une jeune pousse qui veut tailler des croupières à Western Union et à ses commissions jugées trop élevées.
Banque en ligne mobile
L’Afrique, et la banque donc. En 2016, le français lancera dans l’Hexagone une banque 100 % en ligne mais aussi 100 % mobile. Fort de débuts « prometteurs » en Pologne, où « Orange Finanse » a 100 000 clients, Orange se dit « légitime » dans ce secteur, car il dispose d’une marque forte, de 1 000 points de vente, de 27 millions de clients et qu’il a su attirer la confiance de ses consommateurs sur la fiabilité et la sécurité.
En quête de relais de croissance après trois ans de guerre de prix acharnée dans le mobile, Stéphane Richard déclarait cet été au Figaro observer que « depuis de nombreuses années (…) les banques viennent dans les télécoms », et se disait donc « très détendu sur le fait qu’un opérateur télécoms fasse de la banque ».