Affirmation
D’après les statistiques, environ 92 millions d’Africains boivent encore de l’eau provenant de sources insalubres
Source: Agence Ecofin
Verdict
Explication: Le chiffre peut induire en erreur parce qu’il s’agit de population d’Afrique subsaharienne et non du continent dans sa globalité.
- L’OMS et l’UNICEF précisent, dans un rapport conjoint de juillet 2018, qu’il s’agit de population d’Afrique subsaharienne et non du continent dans sa globalité.
- Et puis, ce nombre de 92 millions concerne les personnes qui consomment uniquement de l’eau de surface.
- D’après l’OMS, « 319 millions d’Africains subsahariens n’ont pas encore accès à un point d’eau amélioré qui offre de bonnes conditions hygiéniques».
L’agence a publié un article portant sur l’engagement pris par les pays africains relatif à l’éradication du choléra, lors de la 68e session du Comité régional pour l’Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tenue à Dakar du 27 au 31 août 2018.
« L’institution indique que cet état de choses est principalement dû au manque d’infrastructures nécessaires pour assurer certaines conditions hygiéniques aux populations, notamment sur le plan de l’accès à l’eau potable. D’après les statistiques, environ 92 millions d’Africains boivent encore de l’eau provenant de sources insalubres », a relevé Ecofin.
Ce taux correspond-t-il à la réalité ?
Africa Check a envoyé un courriel à la rédaction de l’agence Ecofin. L’auteur de l’article, Moutiou Adjibi Nourou, a fait savoir qu’ « il s’agit de statistiques de l’OMS».
Source d’eau insalubre ou non améliorée ?
Selon la Coalition eau pour tous, les sources d’eau non améliorées identifiées par l’OMS sont les « puits creusés non protégés », les « sources non protégées », la « charrette surmontée d’un petit réservoir/fût » , le « camion-citerne ».
Elle cite également les « eaux de surface (rivières, retenues d’eau, lacs, mares, ruisseaux, canaux, canaux d’irrigation) » et « l’eau en bouteille » .
Source insalubre ou eau de surface ?
Africa Check a consulté le dernier rapport conjoint produit par l’OMS et l’UNICEF. intitulé « Progrès en matière d’eau d’assainissement et d’hygiène ».
Ce document renseigne que 159 millions de personnes, dont 58 % vivent en Afrique subsaharienne, puisaient toujours de l’eau de boisson directement dans des eaux de surface ». Ce pourcentage represente plus de 92 millions de personnes en valeur absolue.
Qu’en est-il de l’ approvisionnement non amélioré?
Parmi les 663 millions de personnes qui n’ont toujours pas accès à une source d’eau améliorée, 319 millions (soit 48 %) vivent en Afrique subsaharienne, relève l’OMS. Ce taux confère à l’Afrique la dernière place.
Et l’accès à des points d’eau améliorés ?
L’accès à une source d’eau améliorée est défini par l’OMS comme le fait d’avoir un robinet domestique ou une borne fontaine aménagée, un robinet rattaché à un forage fermé. Il couvre 61 % de la population en Afrique subsaharienne, plaçant la région à la dernière place, contrairement à l’Afrique du Nord.
Interrogé récemment par Africa Check, le chef de la division eau, assainissement et hygiène de l’UNICEF au Nigeria, Zaid Jurji, a déclaré que l’eau « potable » est une eau recommandée pour la consommation.
Fournir de l’eau qui ne répond pas aux exigences est une infraction. Les exigences comprennent l’odeur et le goût de l’eau, et les limites aux quantités de minéraux et de produits chimiques – comme les détergents et le chlore – qui peuvent être présents dans l’eau.
Conclusion : le chiffre peut induire en erreur
Environ 92 millions d’Africains boivent encore de l’eau provenant de sources insalubres , rapporte l’agence Ecofin.
Il s’agit de population d’Afrique subsaharienne et non du continent dans sa globalité, selon l’OMS et l’UNICEF, auteurs d’un rapport conjoint publié en juillet 2018. Et puis, ce nombre concerne les personnes qui consomment uniquement de l’eau de surface.
D’après l’OMS, « 319 millions d’Africains subsahariens n’ont pas encore accès à un point d’eau amélioré qui offre de bonnes conditions hygiéniques ».
Le chiffre livré par l’agence Ecofin peut donc indure en erreur.
Edité par Assane Diagne
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africacheck.org