Dans l’entretien qu’il a bien voulu accorder à El Watan, Younes Grar, expert en TIC, revient sur la décision de couper l’internet lors des épreuves du bac. Il estime que cette mesure est une atteinte à un des droits fondamentaux de l’homme : l’information. Il considère également que ces solutions faciles ne font pas bon ménage avec l’évolution des nouvelles technologies.
A chaque session de baccalauréat, l’Etat recourt à la coupure pure et simple de l’internet. Est-ce la solution ?
Absolument pas. Le baccalauréat se déroule dans plusieurs pays du monde et, dans aucun cas, il n’est question de couper tout le pays d’internet pour quelques milliers de candidats. Cela veut dire que la gestion de ces épreuves ne passe pas automatiquement par la coupure de la connexion mais par d’autres solutions. Malheureusement, chez nous, nos responsables optent toujours pour la solution facile. Ceci, sans prendre en considération les conséquences.
Avons-nous les capacités de trouver d’autres solutions ?
Le problème chez nous est dans notre mentalité de recourir à des solutions traditionnelles pour des problèmes basés sur des technologies avancées. Pour gérer les épreuves du bac, il faut penser à réadapter l’examen lui-même, en reformulant les sujets par exemple. Il faut également penser à changer la méthode actuelle de l’examen, qui date des années 1970. Juger le niveau d’un élève pour sa capacité d’apprendre par cœur le programme est dépassé. Il faut adopter la méthode d’examen ouvert, qui d’ailleurs a fait ses preuves dans les universités de par le monde. Ce sont des exercices et des questions dont les réponses témoignent du niveau de compréhension et de compétence de l’élève.
Dans la réforme du bac, on pourrait aller même très loin et supprimer carrément cette épreuve. Dans le volet comment examiner, il faut également évoluer et dépasser la méthode traditionnelle des imprimés. Les ministères en relation, à savoir l’Education nationale, l’Enseignement supérieur et celui des Télécommunications pourraient faire un appel à concours pour trouver les meilleures solutions pour une gestion intelligente du bac. Les ingénieurs et professionnels du domaine des TIC devraient proposer de multiples formes d’examens où l’internet serait un allié. Je citerai, par exemple, des examens sur tablette où les résultats seraient connus à la fin de l’épreuve. Cela permettrait d’économiser beaucoup de temps et d’argent.
Ne pensez-vous pas que ces coupures sont une atteinte aux libertés individuelles ?
Bien sûr que si ! J’irai même plus loin et dirai que ces coupures sont une atteinte au droit à l’information qui est inscrit dans la liste des droits de l’homme. Et puis comment peut-on parler de commerce électronique, de ville et d’administration intelligentes au moment où nous gérons un examen en coupant le réseau internet ? Durant 5 jours, toute l’économie du pays sera perturbée.
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