L’emploi va figurer en bonne place parmi les thèmes qui seront abordés par les 2500 participants au prochain Forum de Davos (WEF-World Economic Forum), qui s’ouvre officiellement mercredi. Dans un rapport basé sur un sondage mené au sein de 366 entreprises représentant 13 millions de salariés, le WEF indique que 5 millions d’emplois sont menacés dans les cinq ans qui viennent.
Cette évolution s’explique par le développement fulgurant d’Internet, mais aussi par la montée en puissance d’autres technologies (nanotechnologies, robotique, impression en 3 dimensions, biotechnologies) ainsi que par l’irruption de l’économie dite de partage (Uber, Airbnb, crowdsourcing etc…).
Cette évolution, et les dirigeants du WEF préfèrent parler carrément de «révolution digitale» ou de «quatrième révolution industrielle», comporte de nombreux dangers. En préface de ce rapport, Klaus Schwab – fondateur du WEF – et Richard Samans, membre de la direction générale de cette fondation, citent la montée des inégalités et l’apparition du chômage de masse.
Les grandes économies émergentes risquent d’être particulièrement concernées par ce phénomène car ce sont dans ces pays (Brésil, Chine, Inde, Mexique, Turquie) que les nouvelles technologies remplacent des métiers plus ancestraux – dans les campagnes – ou risquant de devenir obsolètes, dans la production industrielle comme dans les services financiers de base. Dans ces pays, de nombreux emplois sont aussi assurés dans des fonctions administratives appelées à disparaître avec l’irruption d’Internet.
Ces pays se caractérisent aussi sociologiquement par le développement des classes moyennes et l’arrivée massive dans le monde du travail des femmes et des jeunes. Pour les responsables du WEF, qui résument les conclusions de l’enquête, les entreprises et les Etats se retrouvent en face d’un immense défi de formation et de réforme des systèmes d’éducation. La montée en puissance de ces nouvelles technologies va aussi obliger les services de ressources humaines des entreprises à s’adapter à la nouvelle donne. Les modules de formation interne devront intégrer ces technologies.
Le sondage a été mené durant la première moitié de 2015, au sein de 366 entreprises employant au total 13 millions de salariés. Un quart des firmes regroupent plus de 50’000 collaborateurs, 40% un effectif compris entre 5’000 et 50’000 employés, et 35% moins de 5’000 personnes. L’enquête a concerné les grands pays industrialisés (Etats-Unis, Australie, France, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne), les puissances émergentes (Chine, Inde, Brésil, Mexique, Afrique du Sud, Turquie) ainsi que deux autres régions, en Asie du sud-est (Singapour, Thaïlande, Malaisie, Indonésie) et dans le Golfe arabe (Emirats, Qatar., Koweït, Arabie saoudite).
Une majorité des responsables interrogés – en particulier directeurs des ressources humaines – affichent leur optimisme face à ces défis technologiques et sociaux. Les cadres italiens, japonais et sud-africains sont les plus pessimistes, ceux qui travaillent dans les pays du Golfe arabe les plus optimistes.
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