Au Cameroun, les voeux pour la nouvelle année ont donné lieu à des discours politiques du chef de l’opposition et bien sûr, comme le veut la tradition, du chef de l’État Paul Biya, qui a évoqué la crise anglophone. De leur côté, Macky Sall au Sénégal a axé son discours à la nation sur le développement économique et Alassane Ouattara sur la réforme de la commission électorale en Côte d’Ivoire.
► Crise au Cameroun anglophone
Au Cameroun, la moitié du discours de 18 minutes du président Paul Biya a porté sur le contexte sécuritaire dans les régions anglophones. D’entrée de jeu, le chef d’Etat a indiqué que cette crise retiendra l’essentiel de son attention dans les prochains mois. Il a rappelé opportunément certaines des mesures qu’il a engagées ces derniers temps à l’instar du Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration (CNDDR).
Au sujet de l’appel à déposer les armes qu’il a lancé à l’intention des combattants ambazoniens, Paul Biya a annoncé que si celui-ci restait sans réponse, l’armée recevrait pour instruction de les neutraliser.
Paul Biya était également très attendu sur le retrait par la Confédération africaine de football (CAF) de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2019 par le Cameroun. S’exprimant sur le sujet pour la première fois, il a dit avoir pris acte du glissement de calendrier proposé par l’instance du football africain et a assuré que le Cameroun poursuivra malgré tout la construction des infrastructures afférentes.
Maurice Kamto du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), arrivé deuxième de la dernière élection présidentielle et désormais le principal opposant du pouvoir, y est lui aussi allé de son discours très incisif. Il a déroulé un long chapelet de critiques sur 30 minutes évoquant un « Etat effondré, une nation décimée, un peuple camerounais désemparé », et dont le seul responsable n’est nul autre à ses yeux que Paul Biya.
► Plan Sénégal émergent
Le président Macky Sall a également adressé ses voeux aux Sénégalais. Il s’agissait des derniers de son septennat. Le président a défendu son bilan à quelques semaines de l’élection du 24 février. Nouvelles routes, nouveau train ou encore développement de l’agriculture : Macky Sall a voulu défendre son plan Sénégal émergent, dont il promet la mise en oeuvre de la deuxième phase courant 2019.
« Nous avons lancé en février 2014 le plan Sénégal émergent pour la transformation structurelle de notre économie, a-t-il déclaré. Depuis 2012, je me suis évertué à rester à votre écoute et à votre service, toujours dans le temps utile, le temps de l’action qui, seule, produit des résultats. Si nous déployons autant d’efforts pour les infrastructures, c’est que jamais un pays ne peut se développer sans infrastructures. Mes chers compatriotes, le 24 février prochain, nous irons aux urnes pour l’élection présidentielle. Le gouvernement s’y prépare activement pour la tenue d’un scrutin paisible, libre et transparent. J’ai pleinement confiance dans notre capacité collective d’entretenir cet héritage de notre histoire. »
► Réforme électorale en Côte d’Ivoire
En Côte d’Ivoire, la réforme de la Commission électorale indépendante démarrera en janvier. C’est ce qu’a annoncé le président ivoirien Alassane Ouattara dans son traditionnel message de vœux à la nation ivoirienne. La composition de la commission électorale ivoirienne est jugée déséquilibrée en faveur du pouvoir par l’opposition et la Cour africaine des droits de l’homme. L’annonce de cette réforme en vue de la présidentielle de 2020 était une promesse du président Ouattara faite en août dernier.
« Les différentes échéances attestent du bon fonctionnement de la Commission électorale indépendante, qui est le fruit d’un large consensus de tous les acteurs politiques ivoiriens, a expliqué Alassane Ouattara. Toutefois, la nouvelle composition de la Commission électorale indépendante, pour prendre en compte les recommandations de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, sera effective pour les élections de 2020. J’ai instruit le Premier ministre à l’effet d’inviter dès le mois de janvier 2019, les responsables des partis politiques à se joindre au gouvernement en vue du réexamen de la composition de la Commission électorale indépendante. J’exhorte tous les acteurs, y compris la société civile, à participer activement à ces rencontres. Je souhaite que les échanges et contributions se fassent conformément à notre tradition de dialogue, d’ouverture et de respect afin de renforcer la confiance dans ce maillon essentiel du processus électoral. »
Lors de ses vœux, le président ivoirien a également déploré les « violences » qui ont eu lieu dans certaines localités lors des élections municipales et régionales en fin d’année et promis que des poursuites seront engagées contre les auteurs et commanditaires de ses actes, sans plus de précisions.
Alassane Ouattara a enfin annoncé la mise œuvre par le gouvernement dès 2019 d’un programme social d’un montant global de 727,5 milliards de francs CFA (1 milliard d’euros) sur deux ans et dont les détails seront présentés en début d’année.
rfi.fr