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Article 25 du Concours : Université Cheikh Anta Diop, Désespoir

Bibliothèque universitaire de l Ucad

Le Journal Universitaire vous présente le 25e article reçu dans le cadre du concours de rédaction d’articles lancé par le Groupe PRÉCISION. L’intitulé de cette contribution est « Université Cheikh Anta DIOP : Désespoir ». L’auteur s’appelle Dr. Mouhamadou Moustapha DIONE.

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Université Cheikh Anta DIOP : Désespoir

Nous consacrons notre étude à un thème spécifique, limité et précis, à savoir les « Conditions d’étude et niveau des étudiants », « enseignement et enseignants du supérieur ». Ce travail laborieux que nous avons l’insigne honneur de vous présenter est le fruit recueilli de l’interprétation que nous avons en tant qu’ancien étudiant des conditions de vie à l’UCAD.

C’est pourquoi, à aucun moment, notre volonté n’a faibli, et notre ardeur à la tâche a été décuplée parce que nourrie par l’ambition légitime de faire une œuvre utile. Il s’avère donc être une obligation de pointer là où le bât blesse pour réveiller les mentalités qui dorment et permettre à ceux qui y réfléchissent d’avoir une réflexion approfondie sur l’orientation réelle de l’éducation en l’Afrique.

En effet, le décor à l’université dans nos pays pousse au désespoir, avec des perspectives bouchées de presque toutes parts, l’effort apparaît a priori condamné à n’aboutir à rien du tout. Pouvons-nous continuer à garder un silence qui, à la longue, devient complice ?

L’université est synonyme de programmes désuets, de recrutements clientélistes des enseignants, de grèves récurrentes, de la massification et de la perdition scolaire à tous les niveaux du cursus scolaire, entre autres maux bien diagnostiqués. Mais malheureusement qui n’inspire que silence aux autorités supplées dans leurs lourdes tâches de souveraineté par le Bureau International du Travail, l’UNESCO, et la Banque Mondiale. Ces organismes qui agissent et contrôlent le système éducatif de la majeure partie des pays d’Afrique, à leur place. Ainsi, depuis cinq décennies, les programmes des écoles africaines sont restés les mêmes. Malgré les quelques recommandations des états généraux de l’éducation par exemple au Sénégal depuis 1981.

L’état a failli à sa mission de donner à l’école une vocation de développement. Il s’est arc-bouté aux programmes initiés par les colons qui n’avaient qu’un objectif d’assimilation et non de développement. C’est ainsi qu’on se retrouve 50 ans après l’indépendance avec des enseignements inadaptés aux besoins socio-économiques et culturels de nos pays, faisant fi des exigences de développement. Et ce qui à la limite déroute, c’est la baisse du niveau des élèves et étudiants qui constituent une autre facette de l’école africaine. Mais les autorités qui ont érigé le népotisme, le clientélisme, et le copinage dans le recrutement des enseignants censés inculquer le savoir aux enseignés n’en sont pas très conscients.

Pour faire un homme, il faut être plus qu’un homme soi-même, affirmera Jean-Jacques Rousseau. Lui-même effrayé par les responsabilités de l’instituteur ajoute qu’il n’accepterait jamais cet emploi. Devant cette urgence, l’Etat doit alors réagir en agissant sur les infrastructures. Il n’y a qu’en Afrique où la Banque Mondiale demande qu’on agisse sur le levier humain en préconisant un malthusianisme universitaire. Ce qui est grave car comme le soulignait Lincoln « si vous estimez que l’éducation coûte chère, essayez l’ignorance».

Allant dans le même sens, Joseph Kizerbo, dans son ouvrage « Eduquer où périr » affirme : « c’est par l’éducation que la société se perpétue dans son être physique et social. Une société qui renonce à prendre en charge sa jeunesse et à la doter d’outils de promotion optimale, enterre son propre avenir ». C’est une solution suicidaire.

Toujours au Sénégal, l’errance des bacheliers (5 000 non-orientés) montre que l’Etat a choisi d’essayer l’ignorance en fermant les portes de l’université à des bacheliers par manque de prévision. En effet, chaque année, 100 000 jeunes viennent grossir les rangs des chômeurs. Alors que l’Amérique est fière de dire qu’elle a le plus grand nombre diplômés des universités dans le monde, le Sénégal jette des bacheliers dans la rue.

Cette faiblesse et cette incertitude sont à l’origine de la baisse générale du prestigede l’UCAD. Pour la plupart de la population, l’Université est un monde condamné, sinon maudit. Cette opinion fataliste est devenue un leitmotiv dans les milieux aussi bien populaire qu’éduqués. Mieux vaut travailler afin d’y remédier.

étudiants en sciences infirmières et obstétricales

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