« Les violences faites aux femmes connaissent une ampleur réelle au Sénégal », selon l’enquête d’un groupe de chercheurs de l’université Gaston Berger de Saint-Louis. C’est la première étude sur ce sujet au Sénégal. Elle a été financée par le Canada et c’est le résultat de plus de deux ans de travail.
Sur un échantillon de 1 200 ménages étudiés dans les régions du Sénégal, 55% des femmes affirme avoir subi des violences, des injures, des coups, des viols. Un chiffre qui est bien au-dessus de ceux que l’on possédait sur le sujet, selon Fatou Diop Sall, professeure de sociologie, coordinatrice du groupe d’études et de recherches genre et sociétés de l’université de Saint-Louis :
« La violence basée sur le genre est considérée comme privée, entre deux personnes, et cela fait que c’est une question qui est étouffée dans l’espace familial. C’est peut-être la première difficulté. Très peu de cas sont donc déclarés, très peu de cas sont dénoncés dans les structures de sécurité et de justice. »
Les femmes souffrent aussi de violences psychologiques : le chantage à la polygamie, le dénigrement, les pressions incessantes. Pas seulement dans les maisons, mais aussi au travail, précise Fatou Diop Sall :
« Un tiers des répondants, sur les 300 personnes qui ont été enquêtées dans le milieu professionnel, affirme avoir été victime de cas de harcèlement. Il y a des cas d’abus d’autorité, il y a eu quelques cas de viols qui ont aussi été dénoncés. Il y a la culture de l’impunité qui s’est installée, autant dans l’espace privé que dans l’espace public. »
Rfi