4,3 milliards de dollars, c’est la somme que les start-ups africaines de la tech ont levé l’an dernier, selon une analyse du site spécialisé Thebigdeal.substack.com. C’est deux fois plus qu’en 2020, année déjà faste pour la technologie africaine. La tech africaine franchit de nouveaux paliers.
Un vent d’optimisme souffle sur la tech africaine. Un vent qui apporte des masses d’argent considérables et qui gonfle les poches des entrepreneurs. « Aujourd’hui, avec, par exemple, ces premières licornes africaines, et toutes ces levées de fonds, cela a vraiment donné un souffle à l’écosystème entrepreneurial africain, se réjouit Morgan Kablan, cofondatrice de Asilimia, une entreprise kényane de services financiers. Et aussi complètement dérisqué le marché, en rendant l’Afrique beaucoup plus attractive pour les fonds d’investissements locaux et étrangers. »
Morgan Kablan a ainsi levé 2 millions de dollars au Kenya, en novembre dernier, pour développer Asilimia. Ce n’est que l’une des 818 opérations financières de ce type relevées l’an dernier en Afrique. Plus de 4 milliards de dollars se sont investis dans les jeunes pousses de la tech.
Gilles Kounou dirige OpenSI, créateur de KKiaPay, plateforme d’encaissement à distance très populaire chez les commerçants d’Afrique de l’Ouest. Pour lui, l’argent est certes facile, mais il ne se donne pas à tout le monde.
« Je suis convaincu qu’il y a de plus en plus d’argent, affirme-t-il, notamment sur le secteur des fintechs ou de la e-santé, car ce sont autant de métiers où la croissance est soutenue ces dernières années. Et les investisseurs le voient très bien. Par contre, il faut avoir en face des entreprises structurées, extrêmement rigoureuses, parce que les investisseurs ne vont pas abaisser leurs standards par rapport à ce qu’ils font avec les entreprises occidentales. »
Preuve que la tech africaine remplit les standards internationaux, douze méga-deals de plus 100 millions de dollars ont été conclus en 2021 contre 2 seulement en 2020. Mais la carte africaine n’est pas homogène. On note que l’Afrique anglophone continue de dominer l’Afrique francophone.
Une question de culture et de maturité pour Mohamadou Diallo PDG de CIO Mag, revue spécialisé dans la tech africaine. « Cela démontre, encore une fois, la maturité des entreprises anglophones, vis-à-vis des francophones. Donc que ce soit le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Égypte ou encore le Kenya ce sont des pays anglophones, explique-t-il. Et quand on descend encore plus bas dans le classement, on trouve le Ghana et d’autres pays anglophones bien positionnés en termes de levées de fonds. Il y a plus de choses qui se passent dans ces pays qui ont une tradition que les pays francophones découvrent petit à petit, et je pense que cela va s’accélérer dans les années à venir. »
Les investisseurs occidentaux dominent toujours largement les locaux en termes de financement de la tech africaine, mais les entrepreneurs notent une tendance nouvelle : de plus en plus, les ventures capitalistes occidentaux se font accompagner de partenaires locaux qui connaissent mieux les risques et appréhendent mieux les potentialités.
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