L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a de nouveau affirmé son attachement aux causes qu’elle juge universellement justes. Ce mardi 8 juillet, le Recteur Alioune Badara Kandji a accueilli, au nom de toute la communauté universitaire, une importante délégation diplomatique venue discuter de la situation en Palestine. Cette rencontre n’a rien d’anecdotique pour une institution qui, depuis des décennies, s’illustre par des positions claires sur les luttes d’émancipation. En 1992 déjà, en pleine effervescence anti-apartheid, l’UCAD avait décerné le titre de Docteur Honoris Causa à Nelson Mandela, alors encore prisonnier d’un système racial brutal. Ce geste, à l’époque politique autant qu’universitaire, avait marqué la place de l’université dans l’histoire des solidarités africaines.
En choisissant aujourd’hui d’exprimer son soutien au peuple palestinien dans un cadre officiel et international, l’université s’inscrit dans cette même logique d’alignement actif avec les combats pour la dignité et la justice. Le choix des mots, des invités et du projet annoncé confirme cette posture, davantage diplomatique que symbolique.
Une délégation de haut niveau à Dakar
La rencontre, tenue sur le campus de l’UCAD, a réuni une pléiade de diplomates de premier plan. Le Sénégal y était représenté par l’Ambassadeur Coly Seck, actuel président du Comité onusien pour l’exercice des droits du peuple palestinien. À ses côtés, figuraient des représentants de l’État de Palestine, de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI) ainsi que des diplomates venus de pays historiquement engagés dans les combats anticolonialistes comme Cuba, la Malaisie et l’Indonésie. L’université, pour sa part, avait mobilisé toute son administration centrale, des responsables de facultés jusqu’au conseiller spécial du Recteur.
Ce rassemblement diplomatique a permis à l’UCAD de rappeler sa volonté d’être plus qu’un simple lieu d’enseignement : un acteur intellectuel et aussi moral capable de poser des jalons dans les débats internationaux. Loin des prises de parole convenues, la déclaration du Recteur Kandji a souligné le rôle de l’université comme espace de conscience, dans un monde où les injustices se banalisent à mesure qu’elles se prolongent. Il ne s’agissait donc pas d’un simple message de compassion, mais d’un positionnement assumé sur une question brûlante.
Un projet académique tourné vers la justice
L’annonce la plus forte de cette rencontre a été la décision de lancer une Conférence internationale et transdisciplinaire sur la question palestinienne. Le projet vise à croiser les regards historiques, juridiques, politiques et culturels, pour faire de l’université un laboratoire de réflexion active autour des pistes de résolution du conflit. Ce choix stratégique renforce la légitimité de l’UCAD dans le champ de la diplomatie académique, un domaine souvent négligé mais pourtant essentiel pour renouveler les approches traditionnelles des relations internationales.
En s’impliquant dans cette démarche, l’UCAD ne prétend pas remplacer les institutions diplomatiques classiques. Elle entend plutôt compléter leur action en offrant une plateforme d’analyse, de débat et de production de savoir, capable d’influencer les représentations et les récits dominants. Il s’agit là d’une initiative qui, si elle est menée avec rigueur, peut marquer durablement le rôle des universités africaines dans les processus de paix au niveau global.
Dans un monde où les campus se referment souvent sur eux-mêmes, l’UCAD choisit de regarder au-delà de ses murs, et de faire entendre, avec clarté et conviction, sa voix dans le tumulte des injustices persistantes.