Quelques jours avant la reprise, le 31 août à Bonn (Allemagne), des négociations en vue de la 21e conférence mondiale sur le climat (COP21), qui doit se tenir en décembre à Paris, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, confie au Monde son optimisme sur la conclusion d’un accord international permettant de contenir le réchauffement en cours. En dépit des obstacles qui demeurent à surmonter.
A ce jour, 56 pays ont rendu publiques les réductions d’émissions de gaz à effet de serre auxquelles ils s’engagent. Ces contributions sont-elles assez ambitieuses ?
Les contributions soumises jusqu’à présent au secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) représentent environ les deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Nous évaluons leur niveau d’ambition comme inférieur à ce qui est attendu pour maintenir l’augmentation des températures mondiales au-dessous des 2 °C. Mais cela ne veut pas dire que nous devrions renoncer à l’action. Nous devons avancer. Nous demandons aux pays, en particulier dans le monde développé, de se prononcer pour une vision de plus long terme, de regarder jusqu’en 2050, de sorte que le monde soit capable de contrôler ses émissions pour demeurer sous un réchauffement de 2 °C.
Nous pouvons le faire. Pour cela, il est important que l’accord de Paris soit universel et ambitieux. Mais il ne faut pas voir Paris comme une destination. Ce n’est pas la fin d’un processus : c’est un commencement, un moment décisif dans la lutte contre le réchauffement. Je suis donc plutôt optimiste.
Les négociations vont reprendre la semaine prochaine à Bonn. Quels sont les points critiques à surmonter pour parvenir à un texte ambitieux à Paris en décembre ?
Ce qui est encourageant, c’est que tous les gouvernements, le monde des affaires, la société civile sont à bord. Tout le monde est conscient que nous devons parvenir à un accord. Mais ce qui est inquiétant, c’est qu’il reste des obstacles délicats à surmonter. D’abord, le niveau des ambitions. Ensuite, la nature juridique de l’accord : sera-t-il légalement contraignant ou sera-t-il un simple accord ? Troisièmement, la question des responsabilités que nous appelons le principe des « responsabilités communes mais différenciées ». Le quatrième problème est la question-clé du financement. Ce sont les quatre problèmes majeurs auxquels nous nous attaquons maintenant.
Les négociations climatiques ont commencé en 1992 avec le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, et aucun progrès mesurable n’a été fait. Les Nations unies sont-elles le forum adapté pour traiter la question climatique ?
Nous avons négocié et discuté sans prendre d’actions concrètes pendant vingt-trois ans. Combien de temps devons-nous encore attendre ? La science est claire. Nous voyons le changement climatique se produire et ses impacts toucher tous les pays. Les négociations climatiques avancent à une vitesse d’escargot, mais les Etats membres savent désormais que Paris est la date butoir.
lemonde.fr