L’Afrique numérique est en effervescence. Au Kenya, en Afrique du Sud, au Nigeria, au Ghana… des start-up se créent dans l’agriculture, le commerce, l’informatique, l’éducation, les énergies renouvelables, la santé… Des initiatives dans le sillon de certaines entreprises déjà phare, telle la plate-forme d’alerte Ushahidi ou M-Pesa utilisée par 12 millions de Kényans pour leurs paiements par téléphones mobiles interposés.
Pour stimuler cette croissance, le Nigérian Tony Elumelu, 26e fortune africaine, a annoncé, lundi 23 mars, la liste des 1 000 entrepreneurs qui seront financés par sa fondation. Entre 2013 et 2014, les capitaux investis dans des start-up africaines ont plus que doublé (26,9 millions de dollars contre 12 millions) selon la société VC4Africa, une croissance due notamment à l’augmentation des montants placés dans chaque structure (130 000 dollars en 2013 contre 200 000 dollars en 2014).
Attirer des talents et faire surgir des idées
Certains groupes Internet connaissent des développements fulgurants, tel Africa Internet Group (AIG) qui gère, entre autres, les sites Jumia, Carmudi, Kaymu… Des lieux favorisant l’innovation, incubateurs ou espaces de co-working fleurissent, comme Ihub, au Kenya, cofondé par Erik Hersman, un des fondateurs d’Ushahidi, Mest et HubAccra au Ghana, Nahdet El Mahrousa, en Egypte…
Des « hackatons », compétitions créatives, financées par de multiples acteurs (des fondations, des multinationales, des institutions…) se multiplient pour attirer les talents et faire surgir des idées d’applications et de nouveaux services. Comme ces dernières semaines celui organisé par BBC World Service au Kenya (Nairobi les 3 et 4 février), ou encore Hackforbigchoices au Ghana (Accra du 20 au 22 février).
Des communautés de « makers » surgissent et créent des « fablab », des laboratoires de fabrication telle la communauté Woelab au Togo. « Le développement de l’Afrique ne pourra pas se faire sans le numérique », affirme Amadou Mathar Ba, cofondateur en 1999 de Allafrica.com, première plate-forme africaine d’informations, un pionnier de l’Internet considéré en 2014 par le magazine Forbes comme une des dix personnalités les plus influentes du continent.
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Pour prendre le pouls de cette Afrique numérique, Le Monde a demandé à l’observatoire français indépendant Netexplo de pouvoir consulter, dans ses archives de milliers de start-up, celles identifiées en Afrique par son jury d’experts internationaux. Voyage dans neuf pays à la découverte de quatorze aventures entrepreneuriales.
- Afrique du Sud
– Wizzit, la banque sur mobile pour ceux qui n’en ont pas
– Obami, la plate-forme pour apprendre autrement
- Cameroun
– Cardiopad, la tablette imaginée pour sauver des vies
- Egypte
– Harass Map, porte-voix numérique pour combattre le harcèlement sexuel
- Ghana
– M-Pedigree, le téléphone portable, rempart aux faux médicaments
- Kenya
– MapKibera, la carte pour rendre visible les invisibles
– BRCK, la petite boîte pour être connecté sur toute la planète
– M-Kopa capte le soleil pour éclairer les foyers africains
– M-Farm, des SMS pour redonner du pouvoir aux petites exploitations
– Icow, le conseil agricole au bout des doigts
- Nigeria
– Sense Ebola Follow up, le numérique pour contrer la pandémie
- Rwanda
– Ared, des kiosques mobiles pour connecter la population
- Sénégal
– M-louma, première bourse agricole sénégalaise en ligne
- Togo
– Afate 3D Printer, l’imprimante 3D qui recycle les déchets électroniques
lemonde.fr