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Quand on fuit sa maison parce qu’on ne peut plus y vivre, c’est qu’il n’y a rien à se mettre sous la dent

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Bordé par l’océan atlantique, le Sénégal est au confluent de l’Europe, de l’Afrique et des Amériques, à un carrefour des routes maritimes et aériennes. La République du Sénégal est une République laïque, démocratique et sociale.

Mais face aux dysfonctionnements des mécanismes de l’État et des entreprises, l’immigration des jeunes sénégalais, principalement en Europe, prend des proportions alarmantes. Le Pays vit un moment difficile et sans précédent. Il est tel un bateau en pleine mer en passe de prendre l’eau de toutes parts.

Le 9 mars 2000, lors des élections présidentielles, le peuple sénégalais a désapprouvé le socialiste Abdou Diouf au profit du libéral Abdoulaye Wade. Ce choix s’avère amer pour la population, qui a le sentiment d’avoir troqué son gouvernement de borgnes contre des aveugles. Le modèle démocratique semble perdu dans un épais brouillard.

Pourtant de nombreuses promesses avaient été faites aux jeunes, leur donnant espoir et optimisme : « Nous avons le financement de ces projets et j’ai décidé de ne plus laisser cette jeunesse dans les conditions dans lesquelles elle se trouve aujourd’hui »… Ce n’était que de belles paroles.

Non contents de ne pas tenir leurs engagements, les dirigeants s’adonnent à leur jeu favori : Corruption et magouille, pilotage à vue et diversion, intimidation et coups bas, sacrilège, mascarade.

Le pays et ses institutions sont à genoux. Les valeurs de la Républiques bafouées par des dirigeants qui n’assument pas les responsabilités qui leur incombe, et qui ont une vision de la politique qui profite à leurs proches. Ainsi la jeunesse n’occupe pas une place de choix dans les plans gouvernementaux. Alors qu’elle est l’avenir du pays, elle rencontre de nombreuses difficultés, à commencer par l’enseignement universitaire. En effet, une grande partie des programmes offerts ne sont ni adaptés à notre réalité économique, ni à nos besoins socioculturels.

Nombre de jeunes se retrouvent au chômage malgré de longues années d’études, car les emplois disponibles ne correspondent pas aux profils acquis sur les bancs des universités. Les jeunes ne trouvent pas de travail, leurs conditions sociales sont accablantes. Beaucoup en âge de travailler sont obligés de se faire entretenir par leurs parents.

Ces raisons poussent la jeunesse à regarder ailleurs, vers l’Europe. La situation bien meilleure de leurs frères, cousins ou amis qui y sont déjà les y encourage. Le choix de l’Europe pour faire ses études s’explique par l’ancrage historique et géographique du Sénégal dans ce continent et par le rayonnement international de l’enseignement supérieur européen. Permettant aux jeunes de continuer leurs études puis travailler dans de meilleures conditions, le continent est assimilé à L’Eldorado.

Les opportunités et le confort social offerts par l’Europe rendent son attraction inévitable face à la situation de la jeunesse sénégalaise. Celle-ci ne fuit pas son pays aveuglement attirée par l’Europe mais car elle ne peut faire autrement. Si elle bénéficiait des mêmes avantages, jamais elle n’immigrerait autant. Quand on fuit sa maison parce qu’on ne peut plus y vivre, c’est qu’il n’y a rien à se mettre sous la dent. L’Europe offre aux jeunes sénégalais désirant immigrer légalement l’opportunité d’un enseignement utile. Il les aide à exploiter leur potentiel, à accroître leurs compétences en matière  de communication, de travail en équipe, à acquérir des bases théoriques et pratiques solides de la vie en entreprise.

Il est à signaler aussi que face aux avancées de la science et des nouvelles technologies, le Sénégal se doit, comme tout pays en voie de développement, d’envoyer ou de laisser partir ses jeunes étudiants et diplômés se former en Europe. En particulier l’Europe de l’ouest. La circulation des compétences est en effet indispensable et indissociable du développement international.

Le Sénégal n’est pas un pays de misère, de guerre, de maladies ou de famines comme veulent le faire croire ceux qui effectuent, au risque de leurs vies, le voyage clandestin vers l’occident. À la recherche d’une meilleure condition sociale, ceux-là ne trouveront dans l’immigration clandestine aucune garantie de sécurité sociale ou de respect de leurs droits fondamentaux. Mais s’ils le font, c’est que l’avenir est incertain.

Le Sénégal doit travailler ses bases en profondeur, que ce soit les mécanismes de l’État, la régulation et l’efficacité des entreprises ou l’éducation. Le pays a besoin d’ordre, d’un avenir que l’on peut prévoir ; de la mise en place d’une véritable méritocratie ; de s’imprégner de l’idée qu’exploiter le potentiel de ses jeunes serait un bénéfice pour eux-mêmes comme pour la société. Il faut moderniser les mentalités, mettre les valeurs du travail, du professionnalisme, de l’honneur et de l’intégrité au centre de la société ; tout en élargissant les espaces de liberté et de démocratie. Une moralisation de la société dans son ensemble est nécessaire, et le sens des responsabilités et de la citoyenneté doivent être diffusés.

Je suis né d’un père militaire maintenant à la retraite et d’une mère secrétaire de direction qui se procurent au jour le jour les ressources nécessaires à la vie. La situation me motive à me lancer à la conquête de la vie, pour essayer d’être utile à la famille et à la société. Je ne suis ni optimiste, ni pessimiste, mais réaliste et confiant. Beaucoup de choses sont à faire, et la clef appartient aux dirigeants, aux citoyens, et à la jeunesse sénégalaise.