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Pourquoi le monde de la Tech ne peut pas se faire sans les femmes

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ÉCLAIRAGE – Les études montrent qu’il y a de moins en moins de femmes qui travaillent dans le secteur du numérique. Que présagent ces données pour le monde de demain ? Réponses avec des acteurs et actrices du changement.

Toutes les études le montrent : le monde de la Tech est en manque cruel de femmes et les chiffres ne font que baisser. La situation est alarmante et ne cesse de se détériorer. Selon plusieurs enquêtes, le nombre de femmes inscrites dans des formations dans la Tech et le numérique est moins important qu’il y a dix ans. De fait, moins d’une équipe sur trois est mixte, selon la dernière étude Gender Scan, réalisée par Global Contact, et dévoilée à la fin du mois d’avril dans Les Echos START.

C’est pour inverser le cours des choses qu’une poignée de dirigeants s’est engagée cette année à mettre en place des actions concrètes pour favoriser la parité au sein de leur entreprise. L’engagement a été pris lors du salon Viva Technology, jeudi 16 mai, à l’occasion de la signature d’un manifeste en présence de Cédric O, secrétaire d’État en charge du Numérique.

Le problème du manque de femmes dans la Tech semble avoir été très pris au sérieux cette année par l’organisation du salon. Près de la moitié des speakers invité-e-s à prendre la parole sur scène étaient des femmes tandis que sur les stands de Salesforce, la BNP ou encore La Région Sud, la question du manque de diversité et d’inclusivité dans le numérique a été largement posée et expliquée dans plusieurs conférences.

Objectifs de ces prises de parole : faire prendre conscience aux professionnel-les le besoin urgent d’encourager les filles à suivre des formations dans la Tech et le numérique et de mettre en place des actions concrètes pour inverser la tendance.

Aujourd’hui, les femmes ont une vision très stéréotypée de ces métiers

Dans le cas contraire, les conséquences d’un secteur de la Tech et du numérique exclusivement masculin pourraient être dramatiques. « On est face à un enjeu de société », estime Valérie Dagand, directrice des données au sein du Ministère de la Défense.

« Aujourd’hui, les femmes ont une vision très stéréotypée de ces métiers qui ne vont pas leur permettre de s’épanouir dans des carrières. On doit vraiment casser ces codes« , poursuit celle qui craint, pour les entreprises, un retard par rapport à la concurrence mondiale si elles ne se digitalisent pas avec l’aide des femmes.


Les femmes sont de moins en moins nombreuses dans la Tech selon plusieurs études Crédit : FlickR/wocintechchat

Le numérique sans les femmes : un monde « dramatique »

Emmanuelle Larroque, fondatrice et déléguée générale de Social Builder, une startup qui propose – notamment aux femmes – des formations pour se reconvertir dans le numérique, tire la sonnette d’alarme sur l’absence de femmes « dans les métiers les plus au cœur du design de la société et dans les outils que vont utiliser les gens au quotidien ».

Premier problème, selon elle : « les outils dont ces femmes vont avoir besoin pour progresser dans l’avenir ne leur seront pas proposés ». Second problème : « on envisage une économie où les femmes seront des consommatrices et non pas des conceptrices de leur propre vie et de leur propre monde », dit-elle.

Elle ajoute qu’un « monde sans femme, c’est les cantonner au rôle de spectatrice pour les pousser à donner leurs data et à consommer. C’est les utiliser pour leur portefeuille et pas pour tout le reste : la richesse qu’elles peuvent apporter au monde et à l’entreprise », souligne Emmanuelle Larroque qui voit alors pour les femmes une perte « de pouvoir » pour agir, penser et co-concevoir l’avenir. 

Olivier Derrien, directeur général de Salesforce France engagé sur les questions d’égalité et de diversité, estime de son côté qu’il est impensable que les programmes d’intelligence artificielle par exemple soient uniquement pensés par des hommes. « Ils vont être biaisés, même inconsciemment. Ce manque d’équilibre est dramatique », déplore-t-il.

Il faut agir dans chaque société qui travaille dans le numérique mais aussi au niveau des écoles, le plus tôt possible

Olivier Derrien, directeur général de Salesforce France

Emmanuelle Larroque précise cependant que le monde « sans femme » dont on s’inquiète ici à Viva Tech existe déjà selon elle, mais il n’est pas une fatalité si l’on se met à agir, collectivement, dès maintenant.

C’est pourquoi Social Builder a imaginé le manifeste signé par 35 entreprises et s’est associé avec Salesforce, par exemple, pour proposer des formations, aux femmes, « avec promesse d’emploi à la clé ».

« On a encore la possibilité de prendre notre destin en main et de changer les choses », assure Olivier Derrien. « C’est pour cela qu’il faut agir dans chaque société qui travaille dans le numérique mais aussi au niveau des écoles, le plus tôt possible, pour informer, sensibiliser, et reformer les femmes qui se seraient trompées ou se sentent malheureuses dans leur job actuel ».

Un monde numérique sans les femmes va les cantonner aux rôles de consommatrices et non pas de conceptrices Crédit : FickR/wocintechchat

Prouver son engagement par l’action

Dans toutes les conférences auxquelles nous avons assistées à Viva Tech, tout le monde est d’accord pour dire que les enfants doivent être sensibilisés le plus tôt possible aux métiers du numérique. Emmanuelle Larroque ajoute également que l’une des solutions pour inverser la tendance se joue dans la reconversion : « il y a une telle tension dans l’économie actuelle qu’on peut offrir aux femmes de nouveaux dispositifs, de petites parcelles » pour changer de métiers plus facilement qu’au sein même de leur entreprise où les parcours sont parfois plus longs et compliqués.

L’entrepreneure estime également qu’il faut aider les femmes à se débarrasser de la « peur de l’incompétence » tout en incitant les entreprises à mettre en place des actions concrètes « que l’on peut mesurer et chiffrer », précise Olivier Derrien, l’un des signataires du manifeste lancé par Social Builder, qui implique justement de mesurer les efforts fournis par les entreprises tous les trimestres et tous les ans.

« II faut prouver ses engagements par des actions plus que par des mots », déclare encore le DG de Salesforces avant d’appeler les hommes à également « mener cette résistance et s’engager avec sincérité ».

rtl.fr

Written by Abdourahmane

Je suis Diplômé en Aménagement et Gestion Urbaine en Afrique, Spécialiste en économie urbaine en même tant Reporter et Éditeur au Journal Universitaire. Je suis également un passionné des TIC.

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