En résidence à l’Institut français de Casablanca au mois de mars 2015, le photographe français Camille Millerand a prolongé ses chroniques photographiques sur la jeunesse estudiantine africaine débutées en 2009 avec la plate-forme multimédia Afrique In Visu.
Après un passage en Côte d’Ivoire puis au Sénégal, Camille Millerand s’est penché sur le parcours au Maroc de plusieurs étudiants arrivés du Gabon, du Mali, de la Mauritanie ou du Tchad, dans l’espoir d’y décrocher un diplôme universitaire. Des étudiants installés entre Casablanca et Rabat, deux « carrefours » d’enseignement supérieur sur le continent africain.
« C’est l’Europe moins chère » affirment nombre d’entre eux pour y justifier leur présence. Face aux démarches administratives souvent décourageantes pour l’obtention d’un visa d’entrée dans l’espace européen, le Maroc s’affiche en effet en alternative de choix. Le pays a développé une offre universitaire variée et de qualité, avec pour fer de lance de grandes écoles d’ingénieurs et de management. Les diplômes délivrés sont d’ailleurs reconnus dans l’ensemble des pays africains. Enfin, certains étudiants rencontrés insistent sur l’importance de réaliser leur cursus dans un pays musulman.
A l’instar de leurs homologues marocains, les étudiants étrangers se repartissent entre facultés publiques et écoles privées, selon leurs moyens financiers. « On voit des étudiants plutôt riches et des étudiants plutôt pauvres. De grandes écoles prestigieuses, des universités un peu moins bien cotées, des écoles privées qui ne sont que des boîtes à fric. Des vrais étudiants, des faux étudiants, des commerçants qui font des études… Tout simplement parce que c’est un carrefour, ça bouge. Comme ça bouge, les statuts bougent aussi. Ce n’est pas figé. On ne peut pas donner une image de l’étudiant africain au Maroc, ce n’est pas possible, il n’y en a pas qu’une », décrit Mehdi Alioua, sociologue et enseignant à l’université internationale de Rabat depuis une dizaine d’années.
Alban, Aïssata, Rubens, Oussama et Faten sont étudiants en communication à l’université de lettres et sciences humaines de Ben M’Sik située dans un quartier populaire, à sept kilomètres du centre de Casablanca. « Pendant longtemps le Maroc a subi l’arrivée de migrants clandestins. Un cliché qui a été collé à presque tous les étudiants subsahariens qui arrivent ici. Du coup même dans la rue, on a des difficultés à s’imposer en tant qu’élément positif de l’immigration », avoue Rubens, étudiant gabonais et résident au Maroc depuis 4 ans.
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