Un peu partout dans le monde, des essais sont en cours pour trouver un traitement contre le coronavirus, dans l’attente d’un vaccin. Explications.
Le professeur Yazdan Yazdanpanah est chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Bichat-Claude-Bernard, à Paris. Chercheur à l’Inserm et coordinateur du réseau REACTing de réponse aux maladies infectieuses émergentes, il est membre du Conseil scientifique dans la gestion de la situation sanitaire liée au coronavirus et du Comité analyse recherche expertise (CARE), mis en place par Emmanuel Macron.
Lundi 30 mars, il participait à l’émission Priorité santé, en direct sur RFI.
Pour traiter le Covid-19, les chercheurs travaillent sur des médicaments existants et d’autres équipes sur des nouveaux produits. Expliquez-nous.
Il faut savoir qu’il y a des produits, des molécules contre le virus que l’on connaissait pour d’autres maladies comme le VIH, Ebola, le paludisme, etc. On s’est rendu compte qu’ils pouvaient fonctionner contre le Covid-19. Nous sommes en train d’évaluer leurs effets. Dans un second temps, et ça prendra plus de temps, il y a des molécules contre le virus qui seraient employées à un stade beaucoup plus précoces. En parallèle, il faut savoir qu’il y a aussi beaucoup d’inflammations dans cette maladie. Il existe des produits que l’on utilise pour cibler chacune de ces inflammations.
Y a-t-il des pistes prometteuses ?
Il y a un certain nombre d’études qui ont été faites en Chine. Malheureusement, rien d’extrêmement encourageant ne ressort pour le moment.
Beaucoup parlent de l’hydroxychloroquine et la chloroquine, qu’en pensez-vous ?
Il faut faire très attention, car pour l’instant, les données que nous avons sur la chloroquine sont uniquement des données in vitro, c’est-à-dire dans le tube à essais. Il y a très peu d’études chez l’homme qui ont prouvé leur efficacité. Certaines personnes veulent tout de même en prendre, au cas où cela les aiderait… Il faut faire attention, car les médicaments comme l’hydroxychloroquine et la chloroquine peuvent générer des problèmes de tolérance. Les prendre à haute dose (alors qu’on ne sait même pas si ça marche) peut entrainer des problèmes de toxicité. Cette molécule peut aussi avoir des effets sur l’activité et la santé cardiaques. Ce sont des médicaments qui peuvent être dangereux : il ne faut surtout pas faire d’automédication !
On assiste à une confrontation entre l’urgence et la rigueur scientifique. Vous ressentez cette pression ?
Oui, les gens ont besoin d’espoir. Ils veulent qu’on leur dise tout de suite qu’il y a un traitement. Malheureusement, on ne peut pas le faire. Je ne pense pas que les scientifiques doivent donner cet espoir, alors que ce n’est pas fondé. Il ne faut pas donner de faux espoirs aux gens.
Qu’est-ce qui manque pour mieux soigner les patients qui font des formes graves de Covid-19 ?
Ce qu’il nous faut, c’est un traitement. Si nous avions un traitement, cela rendrait les choses beaucoup plus faciles. Pas seulement un traitement pour guérir mais aussi un traitement pour prévenir. Il nous faudrait aussi un vaccin. Ce sont des outils que nous n’avons pas encore, mais j’espère que nous les aurons, avec le temps. Pour le traitement, ça sera probablement un peu plus rapidement que pour le vaccin. En attendant, je pense que les stratégies que l’on met en place – comme le confinement – nous permettront de sortir, en tout cas temporairement, de cette crise. Il faudra aussi dépister, quand on sortira du confinement, cela pourrait éviter que des foyers ne repartent.
rfi.fr