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Macron à Dakar : « La seule réponse à l’obscurantisme, c’est l’éducation »

Macron à Dakar

Emmanuel Macron, président de la république française, et Macky Sall, président de la république du Sénégal, inaugurent le collège d'enseignement moyen de Hann-Bel Air à Dakar, Sénégal, vendredi 2 février 2018 - 2018©Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde

Très attendu sur le sujet, le président français a annoncé une contribution de la France au Partenariat mondial pour l’éducation décuplée.

L’ovation s’élève, assourdissante : « Merci, merci ! » Au milieu de la cour de l’école battue par l’harmattan et où a été disposé un tapis rouge défraîchi, Emmanuel Macron s’arrête et lève la tête. Il fait un geste de la main, les cris redoublent. Massés aux balcons du collège Bel-Air, des centaines d’enfants agitent des drapeaux tricolores de la France et du Sénégal.

Au premier jour d’une visite de quarante-huit heures consacrée à l’éducation et au climat, M. Macron et son homologue sénégalais, Macky Sall, ont inauguré, vendredi 2 février, un collège de la périphérie de Dakar, rénové grâce au soutien financier de l’Agence française de développement. Les deux présidents, qui ont chacun fait de l’éducation une priorité, se sont ensuite retrouvés dans la foulée à la tribune de la conférence de reconstitution des ressources du Partenariat mondial pour l’éducation (PME).

Pendant la campagne présidentielle française, M. Macron avait promis, s’il était élu, de coprésider, à l’invitation de M. Sall, ce seul fonds international entièrement consacré à ce sujet. « Il n’y avait pas d’autre choix que d’être là », a-t-il déclaré au Centre international de conférences Abdou Diouf devant huit chefs d’Etat et de gouvernement africains, dont le Malien Ibrahim Boubacar Keïta, le Tchadien Idriss Déby ou encore le Burkinabé Roch Marc Christian Kaboré.

« Face au risque de l’obscurantisme, du fondamentalisme, de la guerre, de voir les filles enlevées de l’espace public, la seule réponse à toutes ces régressions, c’est l’éducation », a ajouté le président français, venu rappeler dans un Sahel où le discours militaire prévaut depuis cinq ans que la lutte contre le djihadisme et la radicalisation se joue aussi sur les bancs de l’école.

Explosion démographique

Pour ce troisième rendez-vous depuis sa création en 2002, le PME s’est donné pour ambition de rassembler plus de 3,1 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros) pour la période 2018-2020 afin d’aider 67 pays en développement à financer leurs programmes d’éducation et à réduire le nombre d’enfants non scolarisés, estimé à 264 millions dans le monde.

Après les déclarations volontaristes du président français à Ouagadougou (Burkina Faso) fin novembre 2017, c’est peu de dire qu’Emmanuel Macron était attendu sur le volet de la concrétisation financière. Lors de ce discours à la jeunesse africaine, il avait réaffirmé la volonté de la France de nouer un nouveau partenariat avec le continent et de placer la priorité sur l’éducation, notamment celle des filles. L’annonce du chef de l’Etat, vendredi, d’abonder le fonds à hauteur de 250 millions de dollars a été d’autant mieux accueillie que le suspense avait été savamment entretenu par l’Elysée jusqu’à son discours à la tribune.

Au regard de la participation française pour la période 2014-2017 qui s’était élevée à 20 millions de dollars, l’inquiétude dans les rangs des ONG était palpable à Dakar. Leur soulagement aussi. « C’est un effort considérable, estime ainsi Friederike Röder, présidente France de l’ONG ONE. Le leadership politique de M. Macron avait été fort. Manquaient des engagements concrets. Avec cette annonce, la France est au rendez-vous ! » Cette participation propulse l’Hexagone au rang du quatrième donateur après la Royaume-Uni (430 millions de dollars), la Commission européenne (400 millions) et la Norvège (261,2 millions) et devant le Canada (145 millions).


Emmanuel Macron, président de la république française, et Macky Sall, président de la république du Sénégal, inaugurent le collège d’enseignement moyen de Hann-Bel Air à Dakar, Sénégal, vendredi 2 février 2018 – 2018©Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde

Des élèves du collègue de Hann-Bel Air, inauguré par les présidents français et sénégalais le 2 février 2018.Crédits : JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / DIVERGENCE POUR LE MONDE

Le choix de Dakar pour l’organisation de cette conférence consacrée à l’éducation était signifiant à plus d’un titre. S’il symbolise le retour à une relation apaisée du Sénégal et de la France après diverses tensions au sujet du G5 Sahel – la force conjointe antidjihadiste –, c’était aussi la première fois que le PME se tenait en Afrique, et qu’il confiait la conférence de reconstitution à un pays donateur et à un pays bénéficiaire de l’aide. Le Sénégal fait figure à ce titre de bon élève, ayant accompli des progrès notables qui ont fait passer son taux de scolarisation brut à l’école primaire de 67,2 % à 84,6 % en quelques années.

Un rendez-vous que les donateurs internationaux devront toutefois renforcer. Car l’explosion démographique des pays en développement, et notamment l’Afrique, va plus vite que les actions mises en œuvre par le PME pour donner une chance égale à tous les enfants d’être éduqués. « L’insécurité s’est installée sur le manque d’éducation et les faiblesses du développement », a insisté M. Macron le soir même devant la communauté française réunie à la résidence de l’ambassadeur de France à Dakar. N’hésitant pas à lier les enjeux d’éducation et de migration : « C’est notre sécurité collective qui se joue là. »

Après l’éducation, le président devait s’attaquer samedi à une autre bataille, d’une ampleur tout aussi considérable : le réchauffement climatique et l’érosion côtière qui menacent la Langue de Barbarie et la ville de Saint-Louis, dont 145 familles ont dû être déplacées en septembre 2017 dans des camps de fortune pour échapper à la montée des eaux. Emmanuel Macron s’y rendra pour annoncer plusieurs plans de sauvetage et de rénovation architecturale du centre-ville.

Written by Abdourahmane

Je suis Diplômé en Aménagement et Gestion Urbaine en Afrique, Spécialiste en économie urbaine en même tant Reporter et Éditeur au Journal Universitaire. Je suis également un passionné des TIC.

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