Déjà salué pour sa nouvelle « La Cale », le jeune Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr a remporté vendredi le prix Kourouma avec son premier roman, « Terre Ceinte ».
À 24 ans seulement, Mohamed Mbougar Sarr en impose. Son premier roman, Terre Ceinte (éditions Présence africaine), est promis à un bel avenir… comme le montre le prix Ahmadou-Kourouma, remis à ce jeune auteur sénégalais, vendredi 1er mai, à l’occasion du Salon africain, organisé dans le cadre du Salon du livre de Genève.
Le pitch : Kalep, une ville du Sahel, est prise en otage par des islamistes. Interdictions, lapidations, exécutions rythment la vie de ses habitants, tandis qu’une poignée d’entre eux organisent la résistance. S’est-il inspiré de Timbuktu, d’Abderrahmane Sissako ? « Non, j’ai terminé Terre Ceinte bien avant qu’on ne parle de ce film. » Christiane Diop, son éditrice, aura ces mots : « Ton livre aurait fait un excellent scénario ; malheureusement, le film existe déjà. »
Qui se cache derrière ce grand Sénégalais longiligne ? « Je suis né à Dakar, mais j’ai vécu à Diourbel », explique ce fils de médecin. Aîné d’une fratrie de sept, Mbougar a dévoré très tôt tout ce qu’il trouvait à lire. Ses auteurs favoris : Sembène Ousmane, Felwine Sarr, Malick Fall (« La Plaie reste l’un de mes romans préférés »), Albert Camus, Jean-Paul Sartre… mais aussi Léopold Sédar Senghor, une référence qu’il assume, alors que le poète président est souvent décrié dans son pays.
Négrier
À l’école, il commence à écrire. « De très mauvais poèmes », se souvient-il. Ce n’est qu’à l’âge de 16 ans qu’il se lance sérieusement dans l’écriture, tandis qu’il étudie au prestigieux Prytanée militaire de Saint-Louis. Bac en poche, il rejoint Paris et intègre l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), où il étudie toujours aujourd’hui.
Fin 2011, il crée son blog (chosesrevues.over-blog.com) et, en 2014, participe au prix de la jeune écriture francophone Stéphane-Hessel, qu’il remporte dans la catégorie nouvelles grâce à La Cale, qui relate les confidences d’un médecin embarqué sur un négrier. Journaliste, professeur ou écrivain, son choix n’est pas arrêté. Seule certitude : l’écriture ne va plus le quitter.
Jeune Afrique