Certains lycées et collèges français ont décidé d’interdire le « tchip », jugé insultant, dans les classes. Ce son effectué avec la bouche est fréquemment utilisé pour marquer la désapprobation ou le dédain en Afrique et aux Antilles. C’est un bruit de succion réalisé avec la langue au contact des dents, appelé le « tchip ».
Originaire d’Afrique ou des Antilles, ce son exprimant la désapprobation ou le mépris est dans le collimateur des professeurs français. En Ile-de-France, certains collèges et lycées ont décidé de le bannir de la bouche de leurs élèves, en raison de son caractère insultant.
C’est le cas du lycée des métiers Charles Baudelaire à Evry (Essonne). « J’ai grandi en Afrique. Quand j’étais petit, j’avais interdiction formelle de ‘tchiper’ les autres. C’est extrêmement vulgaire », explique le proviseur adjoint du lycée, Eric Bongo, selon des propos rapportés par « Le Parisien ».
« J’ai expliqué ça à mes collègues, et maintenant le ‘tchip’ est interdit au lycée, comme toute insulte, car c’est une insulte. Ça a surpris les élèves. » Et de fait, les exclusions des salles de classe pour cause de « tchipage » sont de plus en plus fréquentes.
« Dans le cours d’histoire, depuis le début de l’année, il y a eu au moins 10 exclusions pour un ‘tchip’ », assure Alyssia, en première dans un lycée professionnel de Saint-Ouen. Défense de tchiper un aîné ou un employeur cette mesure disciplinaire s’explique, selon Eric Bongo, par le fait que les élèves doivent se débarrasser « de certains codes culturels qui sont inappropriés au monde scolaire et au monde de l’entreprise ».
Pourtant, les règles du « tchipage » sont strictes, comme l’explique une journaliste née d’un père togolais et d’une mère caribéenne, dans un reportage diffusé par Arte. « On peut se ‘tchiper’ entre pairs, ou ‘tchiper’ un subordonné, mais il ne me viendra jamais à l’idée de ‘tchiper’ un aîné ou un employeur », indique-t-elle.
La scène politique française n’est pas épargnée par le « tchipage ». En mars dernier, la ministre de la Justice Christiane Taubira, interrogée par iTélé sur les attaques du Front national à son égard, avait fait résonner le fameux bruit de bouche. « Il y a quelque chose que l’on fait dans les sociétés créoles, en Guyane et ailleurs. C’est un langage très féminin, et c’est ce que ça m’inspirerait : ça s’appelle un ‘tchip’, et c’est un concentré de dédain », avait-elle alors lancé. Avec France 24
senego.com