Les agricultures familiales assurent l’essentiel de la production agricole : Plus de 80% de la population tirent une grande partie de leurs moyens d’existence de la production agricole au sens large : culture, élevage, pêche, foresterie, cueillette, chasse. Ainsi, les agriculteurs familiaux ont prouvé leur capacité à développer et à apporter des réponses innovantes aux défis de l’heure.
« Ils sont les gardiens de la biodiversité. Ils préservent le paysage et le patrimoine communautaire et culturel. En outre, ils ont les connaissances nécessaires pour produire des aliments nutritifs et adaptés à la culture et aux traditions locales… Les agriculteurs familiaux ont une capacité unique à remédier à l’échec d’un système alimentaire mondial qui, tout en produisant suffisamment de nourriture pour tous, gaspille encore aujourd’hui un tiers de la nourriture produite tout en se révélant incapable de faire reculer la famine et la malnutrition sous ses différents aspects, et creuse même les inégalités sociales », a assuré Mehdi Drissi, chargé de la liaison, des Partenariats et de la Mobilisation des Ressources au Bureau de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en Afrique de l’Ouest et Représentant de la FAO au Sénégal.
Selon Babacar Diop, administrateur du Cadre national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr), ce secteur mérite un renforcement, des investissements, un accompagnement parce que, dit-il : « nous savons que quelle que soit la position des gros producteurs et de l’agrobusiness, le secteur de l’agriculture familiale représente une bonne partie du maillon de la production nationale sénégalaise ».
Cependant, les agriculteurs familiaux à travers le monde font face à de nombreux défis communs, c’est dans cadre que le Comités nationaux de l’Agriculture Familiale Africains sont en conclave à Saly, pour les besoins de la 4ème Rencontre des comités nationaux de l’Agriculture Familiale Africains. Selon Mehdi Drissi, « pour nourrir le monde aujourd’hui et à long terme, il est indispensable et urgent de modifier en profondeur les systèmes de production alimentaire ».
D’ailleurs, en approuvant à l’unanimité la résolution 72/239 déclarant la période 2019-2028 « Décennie des Nations-Unies pour l’Agriculture familiale » le 17 décembre 2017, l’Assemblée générale des Nations unies reconnait l’agriculture familiale comme un pilier du développement durable des territoires et appelle les gouvernements à créer des politiques publiques spécifiques pour répondre aux défis auxquels elle est confrontée.
« L’agriculture familiale est aujourd’hui à la croisée des chemins. Elle est de plus en plus sous pression pour fournir à une population sans cesse croissante une alimentation nutritive à un prix abordable, et pour s’adapter aux changements climatiques et à la dégradation des ressources naturelles, notamment la pénurie d’eau, l’épuisement des sols et une biodiversité en baisse », a expliqué Mehdi Drissi.
Il soutient que des inégalités sociales et économiques répandues et persistantes entre zones rurales et urbaines ont conduit à un niveau d’urbanisation sans précédent.
« Les villes, dont la capacité d’absorption reste limitée, doivent faire face à des problèmes liés à la marginalisation sociale et parfois aux conflits. Et qui plus est, l’épisode de la pandémie de la COVID 19, la récente crise Russo-Ukrainienne sont venus exacerber les problèmes déjà sur place », a-t-il assuré.
Il reconnait que les agriculteurs familiaux, éleveurs, pêcheurs, forestiers, peuples autochtones et d’autres producteurs encore, sont au coeur de cette question. Car, fournissant la plus grande partie des aliments à l’échelon mondial.
Ce sont eux qui investissent le plus dans l’agriculture. En milieu rural, ils constituent l’épine dorsale de la structure économique. Face à ces défis, la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028) donne à la communauté internationale une occasion extraordinaire d’aborder le problème de l’agriculture familiale dans une perspective holistique, afin de réaliser des transformations substantielles des systèmes de production alimentaire actuels et de contribuer de façon significative à la réalisation du Programme de travail en faveur du développement durable à l’horizon 2030″, a soutenu Mehdi Drissi.
Il invite ainsi les pays à placer l’agriculture familiale au centre de leurs priorités internationales.
Les exploitants familiaux se heurtent aujourd’hui à des défis d’où la nécessité de renforcer leurs capacités d’investissement afin de tirer pleinement partie de leur contribution pour un système de production alimentaire sain, résilient et durable.
Ainsi, cette rencontre des Comités nationaux de l’Agriculture Familiale Africains regroupe les pays suivants : Togo, Tanzanie, Madagascar, Côte d’Ivoire, Sierra Leone, Cameroun, Gabon, Burkina Faso, Mali, Guinée Bissau, Italie, Espagne, Centre Afrique, les 2 Congo, Burundi, Gambie, Nigeria, Niger, Sénégal.
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