C’est un mardi de Karim dans la presse. Les principaux journaux du pays se sont appesantis sur le verdict de la cours de répression de l’enrichissement illicite (CREI), délivré ce lundi 23 mars 2015 et condamnant Karim Wade, fils de l’ancien Président de la république Abdoulaye Wade. Pourtant, étant en prison, il vient juste d’être élevé au rang de candidat au « valeureux » et « redoutable » parti démocratique sénégalais (PDS) pour la succession du Président Macky Sall à l’élection présidentielle de 2017. Hélas, « Karim sort de prison en 2019 » comme le titre le journal Libération.
« Six ans ferme et une amende de 138 milliards de francs », « Le monde s’effondre sur Karim » relèvent respectivement Rewmi quotidien et L’AS. Ce qui signifie autrement que « La CREI élit Karim pour 6 ans » comme le barre à sa Une Le Quotidien. Mais que nous apporte vraiment tout ce bamboula rien que pour faire passer une information ?
C’est « La chute du candidat » comme dit Enquête mais et après ? Ça ne veut pas dire que tout le pays va s’en contenter comme information. C’est fini l’affaire Karim car « La CREI étale Karim et Wade perd son combat » nous signale le Populaire. Mais la Tribune semble lui emboîter le pas en disant que « Karim s’effondre Wade engage la bataille ». Peut être que cette bataille est seulement ce qui reste pour le candidat déchu. Walfadjri semble nous donner raison. « Condamnation de Karim, et après…, Wade diffère le combat jusqu’au vendredi ». L’Observateur quant à lui parle de tout autre chose. « Ce qui reste de Karim, deux terrains à Kébémer, un à Touba, les bijoux de son épouse épargnés… » En tout cas c’est « La déchéance » pour Karim Wade renchérit le Témoin. Pour rappel, « Karim écope 6 ans ferme et 138 milliards de francs d’amende » somme Le Soleil.
Beaucoup de journaux ont barré à leur Une ce processus que bon nombre d’observateurs ont considéré comme de la politique. Politique, politique, politique…… Toujours politique ou presque toujours politique au Sénégal ? La question mérite d’être posée. La politique telle que pratiquée au Sénégal et telle que relayée par la presse devient finalement « embarrassante » car étant devenue un terrain de jeu où se côtoient tous les mauvais comportements, y compris la malversation et la tricherie. Un miroir qui ne laisse apparaître aucune scrupule pour la jeune génération, aucune conscientisation ni d’exemple pour ces futurs dirigeants. C’est un milieu qui surligne le combat d’hommes politiques qui se tiraillent sans faille pour hausser leur pouvoir à coté d’une population rangée derrière cette bataille sans fin et d’une presse qui s’active sans cesse pour avoir la première information… politique.
Pendant ce temps, qu’en est-il du secteur de la santé, qui souffre de manque d’équipements et de moyens pour s’améliorer ? Qu’en est-il de l’économie du pays qui tarde à prendre son envol ? Qu’en est-il de l’enseignement qui se soustrait d’une saveur de qualité, de performance et de considération. La liste des sujets que l’on pourrait se proposer d’envisager parait bien longue. Mais nous ne perdons pas espoir, tout comme ceux qui envisagent de pouvoir en cassation, que la presse sénégalaise osera, un jour, se tourner résolument vers de chantiers sociaux porteurs d’intérêt évident pour toute la nation.