L’intelligence artificielle va permettre de combler le retard de l’Afrique dans les systèmes de santé. C’est la conviction des grands acteurs mondiaux de la médecine mais aussi des startups et des centres de recherche en Afrique. Une étude menée conjointement par la fondation Novartis, le géant américain du logiciel Microsoft, pour le compte du système des Nations unies met en lumière les réussites africaines en ce domaine. La télémédecine africaine a déjà ses champions.
Télémédecine, diagnostic assisté par ordinateur, la santé numérique est en pointe dans certains pays africains. Ann Aerts, la directrice de la fondation Novartis, est convaincue que l’intelligence artificielle (IA) va permettre d’accélérer la numérisation des systèmes de santé en Afrique. Pour elle, « l’intelligence artificielle nous donne une opportunité de vraiment réimaginer la manière dont on délivre les soins de santé ».
La fondation Ovartis a mené avec Microsoft une étude pour l’Unesco et les Nations unies sur les avantages de l’intelligence artificielle dans les systèmes de santé. L’IA, c’est en fait l’utilisation de masses de données considérables recueillies par la télémédecine pour mieux soigner, mieux prévoir, et mieux gérer.
« Nous ne voulons absolument pas que l’Intelligence artificielle remplace le médecin, mais qu’elle guide le médecin »
À Conakry, Tulip industries, startup créée par Mountaga Keïta, en est un exemple. Ses bornes de télémédecine, actuellement en cours de déploiement dans la région de Conakry, sont dotées de capteurs, caméra thermique et tensiomètres, destinés à ausculter les patients.
« Ces informations sont conservées dans une base de données locale », dit Mountaga Keïta. « Et là, l’intelligence artificielle arrive pour fédérer ces informations et essayer d’en tirer une déduction pour aider les médecins. Nous ne voulons absolument pas que l’intelligence artificielle remplace le médecin, mais qu’elle guide le médecin », détaille-t-il.
Un paysage médical malien changé
À Bamako, le pionnier de la télémédecine s’appelle Cheick Oumar Bagayoko. En vingt ans, à la tête du Centre d’expertise et de recherches en télémédecine, il a révolutionné le paysage médical malien. À son actif, entre autres, la télédermatologie qui couvre tout le pays, y compris les zones en conflit.
Cheick Oumar Bagayoko table aujourd’hui sur les logiciels d’intelligence artificielle pour traiter les données recueillies. « Actuellement, nous commençons à avoir une certaine quantité de données qui peuvent être utilisées par l’intelligence artificielle pour faire une étude de masse. Et pour permettre, non seulement aux médecins de voir certaines choses sur le plan médical, mais aussi pour se former », assure-t-il.
Pour leurs promoteurs, l’IA et la télémédecine permettent aussi d’économiser d’énormes sommes sur les budgets de santé, en supprimant toute une série de consultations médicales inutiles et de déplacements à l’hôpital. Et c’est peut-être pour des Etats aux moyens réduits la première des incitations à franchir le pas.
rfi.fr