ENTRETIEN. Alors que la question de l’éducation, de l’enseignement et de la formation est au cœur de tous les agendas africains, le président du réseau Honoris United Universities s’est confié au Point Afrique.
Honoris United Universities illustre l’une des réalités de l’enseignement et de la formation en Afrique : d’abord, un partenariat poussé et une complémentarité plus forte avec de prestigieuses universités et écoles d’Europe et d’Amérique, ensuite, la multiplication d’échanges au sein de réseaux regroupant des établissements de pays du Nord et du Sud. C’est dans cette dynamique que s’inscrit le réseau Honoris United Universities, une communauté de plus de 32 000 étudiants, répartis sur une cinquantaine de campus, centres de formation ou en ligne, dans une dizaine de pays et une trentaine de villes en Afrique. Il permet à ces étudiants de bénéficier de partenariats exclusifs et de programmes d’échange avec plus de 60 universités en Europe et aux États-Unis et de pouvoir décrocher plus d’une centaine de diplômes autant dans les domaines des sciences de la santé, de l’ingénierie, de l’IT, que des affaires, du droit, de l’architecture, des arts et du design, des médias, de l’éducation, des sciences politiques… Son président, Luis Lopez, s’est confié au Point Afrique sur la vision que son réseau a de l’Afrique avec en bandoulière, entre autres, ses succès dans la construction pendant treize ans du réseau Laureate International Universities, qui a renforcé ses vingt-cinq années d’expérience internationale en tant que directeur général de plusieurs sociétés dans la santé, les services bancaires, les assurances et caisses de retraite et enfin l’enseignement supérieur.
Le Point Afrique : La question de l’éducation couplée à celle de la formation professionnelle est plus que jamais capitale pour l’Afrique. Pourquoi à votre avis ?
Luis Lopez : Avec une telle jeunesse, la question de l’éducation au sens large en Afrique est une priorité. Concernant l’enseignement supérieur, il est nécessaire que les formations proposées soient en parfaite adéquation avec les besoins du monde du travail afin que les diplômés soient immédiatement opérationnels. Éducation et formation professionnelle sont donc intimement liées. Tout parcours de formation se doit d’être couplé à un enseignement pratique utilisant les mêmes méthodes que celles du monde réel et à une ou plusieurs immersions professionnelles au cours du cursus académique (sous forme de stage, de projets de fin d’études, de formation en alternance, etc.). D’autre part, en amont, la conception des programmes doit se faire avec des experts professionnels pour s’assurer de leur pertinence et également d’une mise à jour permanente. Enfin, les éducateurs eux-mêmes se doivent de tenir à jour leurs compétences afin d’être en phase avec l’évolution de leur spécialité et sa réalité professionnelle.
Qu’est-ce que votre réseau Honoris United Universities apporte qui ne soit déjà sur le terrain en Afrique ?
La genèse du réseau Honoris est enracinée dans la vision de fondateurs pionniers, chacun dans leur pays, qui ont œuvré depuis plusieurs décennies à contribuer au développement de ressources humaines qualifiées capables d’accompagner le développement de leurs pays. Aujourd’hui, la fusion des savoir-faire de chacune de nos institutions du nord au sud de l’Afrique permet de faire émerger une approche académique unique née de l’intelligence collaborative de nos institutions pour former une nouvelle génération de professionnels panafricains capables d’accompagner la transformation du continent. Nos lauréats pourront comprendre les enjeux locaux tout en étant formés aux standards internationaux et qui bénéficient de best practices continentales.
Au regard de l’environnement difficile et extrêmement divers du monde de l’éducation et de la formation en Afrique, quelle approche préconisez-vous pour un accès facilité à un plus grand nombre d’élèves ou d’étudiants ?
Les environnements sont certes extrêmement divers, mais les aspirations des jeunes sont sensiblement les mêmes à travers le continent : accéder à une éducation de qualité et abordable qui leur permet une bonne insertion professionnelle. Notre approche est multiple afin d’être le plus proche possible du mode de vie de nos différents profils d’étudiants, que ce soit par une proximité géographique ou économique, par la variété des programmes proposés, par la flexibilité du mode d’apprentissage, etc. Nous augmentons d’ailleurs la présence géographique de nos campus et de nos centres d’apprentissage (plus de 10 sites ont été ouverts cette année). D’autre part, grâce au e-learning ou au distance-learning, nous permettons plus de flexibilité à des apprenants qui souhaitent étudier et travailler en même temps.
L’évolution technologique semble être une opportunité à saisir pour une dispense d’enseignement et de connaissances efficiente. Comment votre réseau s’y prend-il pour mettre la technologie au service de la pédagogie ?
Absolument. On ne peut penser le développement de l’éducation sans intégrer les technologies, et d’ailleurs de plusieurs manières. La technologie permet tout d’abord de donner une plus grande flexibilité et accessibilité à la formation, notamment via le distance learning ou le e-learning. Nous avons d’ailleurs commencé à développer le e-learning depuis juin dernier en proposant le MBA de l’une de nos business school sud-africaine Mancosa totalement en ligne. La technologie est également très présente dans les sciences de l’ingénieur et les sciences de la santé. En Tunisie, par exemple, nous venons d’ouvrir un centre de simulation médicale mis au point avec des experts internationaux, utilisant les technologies les plus avancées. Le centre est équipé d’un matériel aux meilleurs standards internationaux qui utilise les quatre types de simulation. Celles-ci incluent les technologies de mannequin les plus avancées dans un environnement « hôpital réel », des simulations basées sur des scénarios, des simulations basées sur des acteurs et des technologies de réalité virtuelle de pointe. Ce sont des formes de simulation extrêmement sophistiquées qui présentent aux étudiants des scénarios réels via des casques de réalité virtuelle. Cette technologie permettra de mettre en œuvre des scénarios très complexes et un entraînement aux procédures et aux gestes d’urgence en temps réel.
Dans un monde qui reste global malgré la montée du protectionnisme, notamment américain, la question des normes et des standards internationaux est de grande importance. Comment vous y prenez-vous pour que les établissements membres de votre réseau soient de véritables espaces d’acquisition de l’excellence vers le monde du travail ?
Tout d’abord, toutes nos institutions satisfont aux normes nationales les plus exigeantes de leur pays. D’autre part, elles bénéficient de plusieurs accréditations externes, notamment d’organismes professionnels. En fonction des programmes, les étudiants complètent leur cursus académique par des certifications professionnelles internationales (par exemple, Cisco, Microsoft, SolidWorks, etc.), par des certifications en langue (Toeic, Toefl, Voltaire, etc.) ou par un séjour dans une institution internationale partenaire, qui peut aboutir à un double diplôme.
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