Au Tchad, le nouveau taux d’inscription dans les universités fixé cette année à 50.000 FCFA retarde la rentrée dans ces établissements, malgré le coup d’envoi de celle-ci donné en mi-octobre par le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
Un tour effectué lundi par le correspondant de APA dans les facultés d’Ardep-Djoumal permet de se rendre compte que les cours sont loin d’avoir démarré. Et pour cause, parents et étudiants ont du mal à accepter le nouveau taux d’inscription qui permet aux universités tchadiennes de se mettre aux normes de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC).
«On ne peut pas être unanime sur cette nouvelle donne d’aligner nos universités à celles de la zone CEMAC. Les signes perturbateurs sont perceptibles à différents niveaux de la chaine universitaire», affirme Zenaba Guemé, étudiante en deuxième à la faculté des sciences économiques et de gestion.
Comme Zenaba, la majorité des étudiants n’est pas prête à payer 50 000 FCFA pour s’inscrire. «J’avais payé ma première inscription à 30 000 FCFA, ensuite lorsque je suis devenu boursier, je n’ai rien payé, aujourd’hui, subitement, on me dit de payer une telle somme. C’est impossible», martèle l’étudiant Tidjani Moussa.
En effet, beaucoup des parents ne comprennent pas que l’Etat supprime la bourse d’étude de 30 000 FCFA mensuel pour instaurer ensuite une inscription à 50 000 FCFA.
«Franchement, je ne sais pas si je pourrais payer cette somme pour la réinscription de ma fille qui passe pour la deuxième année. Je suis licencié pour cause de crise économique dans l’entreprise où je bossais. Je ne peux pas payer cette somme», confie le père de cette étudiante.
Le taux d’inscription dans les universités tchadiennes a été évolutif. Dans les années 2000, l’inscription tournait autour de 11 000 FCFA, puis elle a augmenté chaque année pour se fixer à 30 000 FCFA.
Mais, pour le ministre de l’Enseignement supérieur, Pr Mackaye Hassane Taïsso, il est temps que le Tchad s’aligne sur les normes en vigueur dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. Le secrétaire général de l’Union nationale des étudiants tchadiens (UNET) section de l’Université de N’Djaména, Galli Abdel-Aziz, prévient, déjà, que la reprise sera hypothéquée par cette histoire des normes CEMAC.
«Le gouvernement nous refuse nos 5 mois d’arriérés de bourse et nous impose des inscriptions payantes. Tant que ces bourses ne sont pas payées, il n’y aura pas une nouvelle année», tranche le secrétaire général de l’UNET. Galli Abdel-Aziz d’ajouter : «nous n’allons jamais accepter facilement qu’on puisse se conformer à la zone CEMAC, sans remplir les critères. Le système n’est pas maitrisé et les conditions ne sont pas réunies pour suivre les autres».
Le Tchad compte, actuellement, huit universités et treize instituts supérieurs et de recherches ayant une capacité d’accueil d’environ 100 000 étudiants. Cette année, il est prévu le recrutement de près de 60.000 bacheliers.
Avec le système Licence-Master-Doctorat, un cycle doctoral vient d’être lancé à la faculté des lettres et sciences humaines et l’Ecole des sciences techniques et Environnement.