Plus de 30.000 enseignants du secteur public de Los Angeles ont cessé le travail lundi pour réclamer une hausse de salaire et davantage de moyens pour leurs élèves, qui sont parfois plus de 40 par classe. Des revendications partagées par beaucoup de leurs collègues à travers le pays.
Attentivement suivi par les enseignants d’autres Etats américains, qui pourraient en faire de même, ce mouvement de grève, le premier en trente ans, touche quelque 500.000 élèves au total, de l’école maternelle au lycée, dans l’un des plus importants districts scolaires du pays, qui s’étend sur plus de 1.800 km2.
Même si les cours n’y seront pas nécessairement assurés, les quelque 1.240 établissements concernés devraient toutefois majoritairement rester ouverts grâce à des remplaçants, des personnels administratifs non concernés par la grève et des bénévoles.
« Nous voici en ce jour pluvieux, dans l’un des pays les plus riches du monde, dans l’un des Etats les plus riches du pays, un Etat aussi bleu (couleur du parti démocrate, NDLR) que possible –et dans une ville qui regorge de millionnaires!– avec des enseignants obligés de faire grève pour obtenir le minimum pour nos élèves », s’est exclamé Alex Caputo-Pearl, président du syndicat des enseignants de Los Angeles (UTLA), lors d’une conférence de presse.
« Nous défendons l’essence même de l’éducation publique. La question est la suivante: est-ce que nous affamons nos écoles publiques de proximité pour aboutir à leur privatisation? Ou bien est-ce que nous investissons dans ces écoles, pour nos élèves et pour une ville en plein développement? », a-t-il ajouté.
– Solidarité –
Cette grève survient après des mois d’intenses négociations entre le syndicat et les responsables du district scolaire. Mais le responsable du district, Austin Beutner, assure ne pas disposer des fonds nécessaires pour satisfaire toutes les revendications des grévistes, qui coûteraient selon lui quelque 3 milliards de dollars et mèneraient le district vers la faillite.
« Nous restons déterminés à faire aboutir les négociations dès que possible », a déclaré M. Beutner à des journalistes.
Le nouveau gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a déploré une « impasse qui perturbe les vies de bien trop d’enfants et de familles ». « J’exhorte vivement toutes les parties à retourner à la table des négociations et à trouver un moyen d’aller de l’avant pour permettre le retour des enfants dans les classes et rassurer les parents », a-t-il dit dans un communiqué.
Au printemps dernier, une grève lancée par les enseignants de l’Etat de Virginie occidentale, qui protestaient contre les bas salaires et des frais de santé croissants, avaient suscité un vif soutien de la part du public. Le mouvement des professeurs de Los Angeles pourrait lui aussi faire boule de neige.
A Denver, dans le Colorado, le syndicat des enseignants a déjà menacé de se mettre en grève si un accord de revalorisation salariale n’était pas conclu d’ici la fin de la semaine.
Dans tous les Etats-Unis, organisations d’enseignants, mais aussi parents d’élèves, ont manifesté leur solidarité avec leurs collègues de Los Angeles, en portant notamment des t-shirts rouges, la couleur adoptée l’an dernier par les profs en grève (« Red4Ed », littéralement « du rouge pour l’éducation »).
L’action entamée lundi a également reçu le soutien de la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, candidate à l’investiture de son parti pour la prochaine élection présidentielle.
Le syndicat UTLA et les enseignants du district de Los Angeles « se battent pour un meilleur salaire, des effectifs réduits dans les classes et des écoles mieux dotées pour nos enfants », a tweeté Mme Warren.
« Lorsque nous faisons défaut à nos enseignants du public, nous faisons défaut à leurs élèves – et nous passons à côté de notre avenir », estime-t-elle.
Avec AFP