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Gafam : les géants de la Tech snobent-ils les pays d’Afrique francophone?

GAFAM

Ces dernières années, on a constaté que les géants du numérique notamment Google, Facebook , Twitter, Microsoft, IBM ouvrent des bureaux et des incubateurs en Afrique.

Cependant, la plupart de ces bureaux et les plus grands d’entre eux se situent dans des pays anglophones comme le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Kenya et le Ghana.

Les géants de la Tech snobent-ils vraiment les pays francophones en Afrique ?

Qemal Affagnon, responsable pour l’Afrique de l’Ouest et centrale d’Internet Sans Frontières, estime que « les Gafam marquent une préférence pour les pays anglophones ».

*Gafam : acronyme des géants du Web — Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft — qui sont les cinq grandes firmes américaines (fondées entre le dernier quart du XXème siècle et le début du XXIème siècle) qui dominent le marché du numérique, parfois également nommées les Big Five, ou encore « The Five ».

Le manque de liberté d’expression

« Aucun géant du net ne voudra s’implanter dans un pays dans lequel la liberté d’expression est bafouée ou bien le cadre légal réglementaire du pays empêche les gens de s’exprimer « , note Emmanuel Vitus Agbenonwossi, chercheur en droits numériques et gouvernance de l’Internet, ancien Google policy fellow pour l’Afrique francophone.

« C’est un secret de polichinelle. Aujourd’hui, ces géants que ce soit Facebook ou Google, essaie de constater si dans ces pays la liberté d’expression est respectée ? Est-ce que la liberté en ligne est respectée parce que c’est l’essentiel de leur activité », ajoute-t-il.

En mi-avril, Twitter a annoncé son intention d’installer sa première base africaine au Ghana, en Afrique occidentale déclenchant une polémique sur la plateforme entre Nigérians et Ghanéens.

En effet, selon NOIPolls, une organisation de recherche et d’opinion publique basée au Nigeria, 39,6 millions de Nigérians ont un compte Twitter, ce qui est plus que la totalité des 32 millions d’habitants du Ghana.

Le réseau social a notamment évoqué le critère du respect de la liberté d’expression en ligne.

Certains pays francophones sont à la traine dans ce domaine, selon Qemal Affagnon d’Internet Sans Frontières:

« l’un des exemples sont les coupures à répétition d’internet dans certains pays africains, utilisées de plus en plus comme une arme politique, que les gouvernement de ces états n’hésitent pas à utiliser pour déconnecter leurs populations durant les périodes sensibles ou les périodes électorales « .

Faible taux de pénétration d’internet

« L’Afrique concentre encore à ce jour les taux de pénétration les plus bas quand il s’agit d’internet mobile mais dans le lot, vous avez des pays qui font figure de bons élèves. C’est l’un des critères qui poussent les Gafam à opérer leur choix « , explique Qemal Affagnon, des propos confirmés par Emmanuel Vitus Agbenonwossi.

Légende image,Le bureau de l’intelligence artificielle (IA) de Google à Accra, 2019. C’est le premier centre d’IA établi en Afrique par l’entreprise.

En effet, ces entreprises ont ouvert leurs bureaux de liaison dans certains pays anglophones car ceux-ci ont des taux de pénétration qui dépassent les 34 %, contrairement à la plupart des pays francophones.

« Naturellement n’importe lequel de ces géants aimerait se concentrer sur un grand marché comme le Nigeria qui fait environ 200 millions d’habitants avec plus de 44 pourcent de taux de pénétration d’internet », confirme Emmanuel Vitus Agbenonwossi.

Ces multinationales considèrent aussi d’autres facteurs comme l’indice de corruption, la démographie, les perspectives de rentabilité ainsi que la stabilité économique et politique, notamment en termes de transition du pouvoir.

« Ces géants du net le savent et ils évitent d’investir dans des pays où la situation risque de basculer du jour au lendemain », explique Emmanuel Vitus Agbenonwossi.

L’exception qui confirme la règle: le cas de Microsoft

Contrairement aux autres entreprises des Gafam, Microsoft a trois grands bureaux en Afrique francophone : Abidjan, Dakar et Douala sur la quinzaine de bureaux que l’entreprise compte sur le continent, sans privilégier les pays francophones ou anglophone, selon Yacine Barro, responsable des segments de PME – PMI et des partenaires pour la région – emerging market – Moyen-Orient et Afrique.

« Il y a toujours une politique lorsqu’on décide de s’implanter dans les pays. Est-ce qu’il y a une différence sur les zones francophones et anglophones ? Oui, absolument, parce qu’il y a différents facteurs. Aujourd’hui, il est important de considérer que l’investissement en lui-même est multiforme. Il y a l’aspect bureau; il y a aussi, l’aspect de l’écosystème partenaire « .

Microsoft a ouvert ses premiers bureaux en Afrique au début des années 1990 et Yacine Barro a été la première à ouvrir le bureau de Dakar au début des années 2000.

Par contre, malgré sa présence dans plusieurs pays francophones, les bureaux du Nigeria et du Kenya sont parmi les plus importants du continent pour Microsoft.

L’ouverture de centres d’ingénierie de premier plan – African Development Center – en 2019, sont des investissement que l’entreprise compte répliquer dans les pays francophones :

 » Il ya des fonctionnalités de nos produits phares qui sont fabriquées par des Africains en Afrique. C’est le type d’investissement que Microsoft fait sur le continent et que l’on espère pouvoir étendre très rapidement aux zones francophones », responsable de Microsoft pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, Yacine Barro.

Elle estime que l’Afrique est un marché avec un énorme potentiel « aujourd’hui, le continent africain et quelques soient les régions de l’Afrique sont de véritables opportunités avec des promesses de croissances accélérés dans tous les secteurs. Il y a énormément de choses qui se passent et énormément de places à prendre « .

Du côté des pays francophones Le cas du Cameroun

Facebook a eu cette volonté d’approcher le gouvernement du Cameroun où le taux de pénétration n’est pourtant pas si élevé.

A partir de 2020, des taxes seront tirées des publicités par Facebook pour les reverser au Cameroun.

 » C est une première en Afrique parce qu’aucun pays africain aujourd’hui n’arrive à imposer de telles restrictions au géant du net mais Facebook l’a accepté parce que le nombre d’utilisateurs et le taux de pénétration est assez élevé « , a expliqué Emmanuel Vitus Agbenonwossi.

bbc.com

Written by Arame

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