Alors que Dakar accueille à partir de ce lundi la 8e édition du Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique, où il sera notamment question de la coopération entre le continent et ses partenaires dans le domaine sécuritaire, un exercice bilatéral entre les armées sénégalaise et française s’est déroulé du 19 au 21 octobre sur la Petite Côte, au sud de la capitale sénégalaise.
De notre correspondante à Dakar,
Sur la longue plage de sable de Ngasobil balayée par le vent, des commandos sont arrivés dans la nuit pour reconnaître la zone. L’exercice est baptisé « Xaritoo 2022 » – « Amitié » en wolof.
Dans le scénario, il s’agit d’appuyer un pays imaginaire, explique le chef d’escadron Ciré Ndiaye : « C’est un pays vert, en proie à une rébellion appuyée par des mercenaires Rubis, le chef s’appelle Sokhor. Dans ce cadre, l’ONU a sollicité le Sénégal et la France pour rétablir l’ordre dans ce territoire et empêcher les exactions contre les populations. »
Des navires débarquent des soldats et des engins blindés. Au total, environ un millier d’hommes des deux armées sont engagés. Un exercice très complexe, explique le commandant français Johnny : « C’est un peu comme la campagne de Normandie ou celle de Provence. L’opération amphibie permet de faire l’entrée en premier de la force, avant d’en avoir une plus importante pour poursuivre la mission. La France et le Sénégal souhaitaient pouvoir s’entraîner sur un exercice très ambitieux cette année puisque c’est à la foi un exercice interallié, mais également interarmées avec un changement de milieu. »
« Maturité élevée des deux armées »
Le porte-hélicoptères amphibie français Tonnerre croise au large. Le général de division Philippe Dia, inspecteur général des Forces armées sénégalaises, observe la manœuvre : « Le Sénégal a déjà mené ce type d’opérations. Nous sommes allés en Guinée-Bissau, au Liberia. Demain, il n’est pas exclu qu’avec notre marine, nous ayons à mener ce genre d’opérations. Travailler avec une force qui a un peu plus d’expérience que nous est bénéfique. »
« Se préparer à tout, c’est le meilleur moyen de ne pas être surpris », assène le général Étienne du Peyroux, commandant des Éléments français au Sénégal (EFS) qui ont délivré l’an dernier près de 250 entraînements et formations en Afrique de l’Ouest. « Le seul fait d’être capable d’organiser un exercice interarmées montre qu’il y a un niveau de maturité élevé des deux armées, poursuit-il. Peu d’armées dans le monde ont ce niveau d’ambition. C’est l’illustration que nous voulons poursuivre, améliorer sans cesse la coopération avec les armées africaines. »
Après le Sénégal, une mission du porte-hélicoptères « Tonnerre » est prévue en Côte d’Ivoire.
rfi.fr