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Universités sénégalaises: Retour sur les évènements marquants dans les établissements d’enseignement supérieur

établissements du supérieur

Quasi absents dans les classements des meilleures universités dans le monde, les établissements d’enseignements supérieurs publics d’Afrique notamment francophones souffrent de plusieurs maux qui expliqueraient sans doute cette situation. Alors que les autres universités marquent de plus en plus leurs empreintes dans les classements et dans les revues scientifiques, celles africaines, particulièrement sénégalaises semblent connaître une régression sans précédent. Au Sénégal, l’enseignement supérieur public a été la cible de moult remous, liés à des événements tragiques qui ont fini de changer le caractère tant chanté de nos universités. Dans l’objectif de voir comment ces événements ont pu survenir dans ces espaces où seulement le savoir devait régner, le Journal Universitaire retrace la chronologie de ces moments qui ont défrayé la chronique.

L’affaire Fallou Sène : De Dakar à Ziguinchor

Des évènements heureux tous comme malheureux se sont passés en cette année académique 2017-2018, ne laissant au travers aucunes de nos universités. Le cas le plus significatif est celui de la mort de l’étudiant Fallou Sène qui a tiré sa révérence lors d’affrontements entre étudiants et force de l’ordre à l’Université Gaston Berger de Saint- Louis. Un acte cruel qui, à jamais, restera dans les mémoires des sénégalais tout comme ce fut le cas lors de la mort des étudiants Bassirou Faye et Balla Gaye que l’université, les familles des victimes continuent de pleurer.


Cette énième perte en vie humaine a failli paralyser l’enseignement supérieur puisque les universités, toutes ensemble réclamaient que la lumière soit faite sur la mort de Fallou Sène en sus de la démission immédiate et sans condition des responsables impliqués de prés ou de loin dans cette tragédie. Pour rappel, l’étudiant Fallou à succombé en réclamant son allocation d’études. Touchés au plus profond de leur être par la disparition, dans des conditions plus que tragiques, de leur camarade Fallou Sène, les étudiants des différentes universités du pays ont exigé entre autres la démission du Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Monsieur Mary Teuw Niane et de Monsieur Amadou Ba, Ministre de l’Économie, des Finances et du Plan.

Très vite, un mouvement d’humeur estudiantin s’est installé avec la ferme volonté de voir la justice se faire sur le meurtre de l’étudiant Fallou. Malgré le risque d’une année académique invalide qui planait au-dessus de l’ensemble des universités du pays, le mouvement continua de monter au créneau par des marches, des points de presse et des grèves afin d’interpeller l’autorité publique, au premier chef de laquelle, le Président de la République, sur ce qui était pour l’ensemble des étudiants d’ici et d’ailleurs, un affront qu’il urgeait de laver. En effet, s’il s’est agi en premier temps des étudiants du Sénégal, qui ont battu le macadam pour l’honneur de leur camarade,ceux de la Diaspora viendront se joindre au mouvement d’humeur de leurs compatriotes. Ces étudiants de la Diaspora ont également montré, notamment devant l’opinion internationale, toute leur indignation face à l’atrocité du meurtre de l’étudiant Fallou.

Ainsi, face à l’ampleur que connaissait de plus en plus ce énième meurtre de nos universités, la réaction du gouvernement ne s’est pas fait attendre. C’est le Président de la République en l’occurrence, son Excellence M. Macky SALL qui a décidé de rencontrer personnellement les organisations représentatives des étudiants.    .

Toutefois, c’est dans la discorde que ces organisations ont été reçues au Palais par le Chef de l’État qui a promis de prendre en considération un certain nombre de revendications exigées par certains responsables de facultés présents à cette occasion. Une situation qui a fini par diviser la mobilisation nationale des étudiants des différents temples du savoir. Ainsi, au sortir de cette rencontre, le Président de la République a annoncé la prise en compte de quelques-unes des conditions pour la reprise des cours dans les amphithéâtres. Celles-ci sont relatives à l’augmentation des bourses pour les différents cycles, la baisse des tickets de restauration mais aussi la lumière sur l’assassinat de Fallou Sène dont le responsable, jusqu’à l’heure où nous sommes n’est toujours pas connu. Un crime dont le coupable ne sera sans doute jamais connu vu la lenteur de l’enquête.

Le Syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur

Est-il arrivé une seule fois dans l’histoire de nos universités que les enseignants du supérieur aient terminé toute une année sans pour autant exiger de la part de l’État le respect des accords signés par celui-ci? Comme de coutume, une paralysie du système universitaire a été notée durant l’année académique 2017-2018 par le fait des revendications du SAES. Force est de reconnaitre cependant que cette situation n’a pas perduré grâce à une entente qui a pu être trouvée entre l’État du Sénégal et le syndicat des Enseignants du Supérieur.

Dans un article relaté par l’Agence de Presse Sénégalaise (APS), le SAES par le biais de son secrétaire général M. Malick Fall invitait l’État à « corriger les « manquements » notées dans les universités ». Ces manquements concernent notamment les chantiers qui sont actuellement à l’arrêt, le versement de la dernière tranche budgétaire due aux universités, le Fonds de solidarité sociale entre autres selon toujours le SG du SAES. Ce dernier d’ajouter également que l’Université Virtuelle du Sénégal n’a pas encore « reçu la dernière tranche de sa subvention » de l’année en cours. Cependant, le SAES n’a pas manqué de magnifier les efforts fournis par le gouvernement notamment en ce qui concerne la publication de la liste des  nouveaux bacheliers orientés dans les établissements supérieur dans les délais. La prise en compte de tous ces couacs notés dans les universités sénégalaises contribuerait réellement à une année apaisée dans l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur.

 

Université Gaston Berger de Saint-Louis

Mis à part ces moments sombres, l’UGB a réalisé des performances notamment à l’occasion de la 49ème Session des Comités Consultatifs Interafricains (CCI) du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES). Sur un total de 36 candidats, 32 ont réussi au CAMES. Elle retrouve avec 4 nouveaux professeurs titulaires, 8 maitres de conférences et 20 Maitres-assistant, information relatée par Khady Niang Diop, Directrice de la communication et du marketing de l’UGB. Du coté des étudiants, nous pouvons entre autres prendre en exemples, la performance de El-Hadj Abdoul Aziz Sy NDIAYE, Ingénieur en Électronique et Télécommunication sortant du DIETEL de l’UFR des Sciences Appliquées et Technologies (UFR SAT) qui a remporté le 3ème Prix de l’Innovation en Sciences et Techniques organisé par la Conférence Internationale des Ingénieurs et Techniciens d’Expression Française (CITEF). A côté de celui-ci, la distinction de l’UGB au concours africain du procès simulé sur les droits de l’homme est aussi à enregistrer dans les agendas. Un autre évènement marquant est celui de l’installation du nouveau Recteur Ousmane Thiaré après le limogeage de Baydallaye Kane suite aux évènements occasionnant la mort de Fallou Sène.

Les chantiers de l’Université Assane Seck de Ziguinchor (UASZ), l’Université Alioune Diop de Bambey (UADB)

A l’Université Assane Seck de Ziguinchor tout comme à l’Université Alioune Diop de Bambey, l’affaire Fallou Sène a aussi laissé ses traces au niveau de ces établissements. En dehors de celui-ci, l’Université Assane Seck de Ziguinchor est depuis quelques années dans de profondes modifications avec notamment la construction de plusieurs bâtiments à usage pédagogique et social.  En plus de la réception d’un bloc d’un montant de 5 milliards livré par l’Agence de Construction des Bâtiments et des Édifices Publics (ACBEP), l’Université Alioune Diop de Bambey a, lors de la quatrième édition de la journée de l’excellence, primé 85 étudiants, dont 42 en Licence et 43 pour les étudiants en Master.

L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar réceptionne 4000 nouveaux lits

Dans le temple du savoir de Dakar, l’année universitaire est surtout marquée par l’alternance de grèves répétitives notamment celles concernant la réclamation du paiement des bourses d’études dans les délais. Cette situation est la cause des affrontements entre étudiants et forces de l’ordre perturbant quelques fois les enseignements au niveau des facultés de l’UCAD. L’autre évènement majeur de cette année est sans doute l’inauguration de six nouveaux pavillons d’une capacité de 4000 lits pouvant être considérés comme une réponse aux difficultés d’hébergement des étudiants de l’UCAD.

Toutefois, d’autres initiatives de cette envergure notamment dans le domaine pédagogique seraient profitables aux apprenants mais aussi permettraient aux enseignants et le personnel technique de travailler dans les meilleures conditions. Ces dernières peuvent permettre de redorer le blason de l’UCAD vis-à-vis de l’extérieur notamment en ce qui concerne son rang dans le classement des meilleures universités mondiales et africaines.

L’Université Virtuelle du Sénégal avance à pas de géant

C’est dans le souci de répondre à une demande croissante d’accès à l’enseignement supérieur, « mettre les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) au cœur du développement de l’enseignement supérieur et de la recherche pour améliorer l’accès à l’enseignement supérieur et l’efficacité du système », entre autres que l’Université Virtuelle du Sénégal a vu le jour par décret N° 2013-1294. Considérée comme la sixième université du pays, par ailleurs première université numérique publique, l’UVS s’est démontrée cette année notamment avec la sortie de sa première promotion. En effet, 400 étudiants ont reçu, des mains de leurs enseignants, leur parchemin lors de la cérémonie de graduation qui s’est tenue au Grand Théâtre de Dakar. Une fête de l’enseignement supérieur venant à son heure et pouvant être considérée comme une grande réussite vue les nombreuses difficultés et manquements dont on fait face les étudiants de la première année.

Dans le souci de toucher les zones les plus reculées du pays, des travaux sont entrepris avec notamment la mise en œuvre d’Espaces Numériques Ouverts (ENO). Nous pouvons entre autres signaler la construction du siège de l’UVS sis Cité du savoir à Diamniadio en sus de cinq de ses ENO entrant dans le cadre du PAVUS (Projet d’Appui de l’Université virtuelle du Sénégal). Ce dernier s’agit d’un accord de partenariat signé entre le gouvernement du Sénégal et la Banque Africaine de Développement (BAD). Une convention qui permettrait aux bacheliers, quelle que soit leur localité, « de bénéficier d‘une formation supérieure de qualité ». Récemment, dans un article posté dans le site du MESRI, le Coordonnateur de l’UVS Monsieur Moussa Lo a annoncé la livraison d’une dizaine d’ENO. Sur ce, force est de reconnaitre que l’Université Virtuelle du Sénégal vient répondre à la problématique d’accueil et d’orientation des nouveaux bacheliers.

L’Université du Sine Saloum El Hadji Ibrahima Niass ouvre ses portes cette année

A vocation agricole, l’Université du Sine Saloum El Hadji Ibrahima Niass (USSEIN) ouvre ses portes pour la rentrée universitaire 2018 avec 11 UFR et 34 Licences professionnelles. Créée par le décret 2013-173 du 25 janvier 2013, l’USSEIN vient répondre aux besoins de développement de 4 régions nourricières du centre en vue de valoriser leurs ressources, les potentiels et atouts agricoles de ces régions. Sur le démarrage normal des enseignements dans ce nouvel établissement, le Syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur a, dans un article de la presse, réclamé le recrutement d’enseignants et l’équipement de cette université où sont orientés 2000 étudiants.

Les établissements privés d’enseignement supérieur : des étudiants sur chaise éjectable

Ces derniers jours, la Fédération des Établissements Privés d’Enseignement Supérieur (FEPES) avait exclus les étudiants orientés dans lesdits établissements pour le non-paiement de la dette de l’État estimée à 16 milliards. Ainsi la fédération réclame le versement de la moitié de cette somme avant le démarrage des cours. En réaction avec l’exclusion de plus de 40. 000 étudiants, l’État du Sénégal a débloqué 3 milliards de F CFA pour ainsi couvrir une partie de la dette due aux écoles privées. Si certains étudiants sont exclus des salles de classes, d’autres par contre se voient menacer notamment en ce qui concerne leur orientation dans les établissements privés pour l’année scolaire 2018-2019.

Face à cette situation, les principaux concernés, les étudiants expulsés en l’occurrence se sont radicalisés et menacent d’user de la violence car estimant que c’est la seule voie de recours pour remettre les pendules à l’heure, gage d’un retour dans les salles de classe. Une mise au point de cette crise qui secoue les établissements privés serait d’une importance capitale en ce début d’année académique pour éviter la perturbation du calendrier scolaire. Le respect de cette dernière permettrait la prise en compte des quantums horaires favorable à une formation de qualité.

Comme évoqué dans le préambule de cet article, l’année universitaire 2017-2018 est marquée par un certain nombre d’évènements dont certains ont, dans une moindre mesure, touché pratiquement tous les établissements d’enseignements supérieur. Ces derniers traversent des moments difficiles marqués par des grèves répétitives ; soit des étudiants réclamant entre autres de meilleures conditions d’études ou le paiement des allocations d’études ; soit des enseignants qui à leur tour exigent de l’État le respect des engagements du gouvernement. La prise en compte des revendications des uns et des autres serait favorable pour une année universitaire paisible. L’observation d’une telle situation ne saurait se faire sans la synergie des acteurs (étudiants, enseignants, État) autour des questions relatives au bon fonctionnement de nos universités pour ainsi faire face à toutes éventualités pouvant conduire aux dysfonctionnements du système de l’enseignement supérieur dans sa globalité.

Written by Abdourahmane

Je suis Diplômé en Aménagement et Gestion Urbaine en Afrique, Spécialiste en économie urbaine en même tant Reporter et Éditeur au Journal Universitaire. Je suis également un passionné des TIC.

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