Au lendemain des indépendances, beaucoup d’universités africaines avaient « tourné le dos » à l’anthropologie, qui est accusée d’avoir accompagné l’entreprise coloniale, selon l’universitaire sénégalais Ibrahima Thiaw. « Aux indépendances, beaucoup d’universités africaines ont tourné le dos à l’anthropologie. On peut définir l’anthropologie de manière simple comme l’étude de l’homme et de ses cultures », a déclaré dans un entretien à l’APS le Pr Thiaw, responsable du Laboratoire d’anthropologie et d’ingénierie culturelle (LAIC) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il a expliqué la raison pour laquelle les universités africaines se sont détournés de l’anthropologie par le fait qu’elle avait « beaucoup accompagné et aidé la gouvernance coloniale ».
Le Laboratoire d’anthropologie et d’ingénierie culturelle (LAIC) de l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar va organiser, jeudi, à 16 heures, à l’UCAD, un symposium international sur le thème : « Reconstruire l’anthropologie en Afrique postcoloniale ». « L’Etat colonial avait mobilisé des chercheurs, des anthropologues, des ethnologues pour rassembler des savoirs sur les cultures de l’Afrique et des autres régions du monde qui avaient été colonisées par l’Occident », a expliqué le responsable du LAIC.
Selon lui, « ces connaissances étaient utilisées pour mieux contrôler ces sociétés et les maintenir sous le joug du gouvernement colonial ». Donc, aux indépendances, a expliqué Pr Ibrahima Thiaw, l’anthropologie était souvent considérée comme cette discipline qui avait une perspective très binaire. C’était le « Nous » et le « Vous », le « Nous » étant les occidentaux et le « Vous », les autres ». Il a souligné que la perspective de l’anthropologie coloniale, « les autres, c’étaient des gens considérés parfois comme sans culture, des primitifs, des sauvages, parce que tout simplement leur manière de vivre était différente de celle de l’Occident ».
Le responsable du Laboratoire d’anthropologie et d’ingénierie culturelle (LAIC) de l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar estime toutefois que, depuis lors, cette discipline « a fait sa mue ». Il ajoute : « l’anthropologie, ce n’est pas simplement le « Nous » et le « Vous », c’est certes une lecture avec ses subjectivités mais qui a beaucoup évolué dans la manière et dans les méthodes d’observation des théories qui sont utilisées ». Il a fait savoir que son laboratoire a initié depuis près de deux ans au sein de l’école doctorale Etudes sur l’homme et la société (ETHOS) de l’UCAD, la reconstruction de l’anthropologie en Afrique postcoloniale.
j’espère qu’avec cette prise de conscience les choses allaient peut-être changée d’ici quelques années