Le 20e Forum économique international sur l’Afrique qui s’est tenu en début de semaine (lundi 22 février 2021) en mode virtuel avait pour thème, « Investir pour une relance durable » sur le continent. Organisatrice principale de ce débat annuel depuis 20 ans, l’OCDE a d’autres partenaires : l’Union africaine, le Sénégal notamment, pour identifier les agitateurs d’idées. Et en cette période de pandémie, le Forum 2021 restera dans les annales comme une édition singulière.
À l’instar des pays développés, les pays africains ont chacun à leur niveau organisé la riposte contre les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19. Mais plus la crise sanitaire dure, plus se pose la question de la relance, 41 des 54 pays africains ayant connu la récession en 2020, certains pour la première fois depuis 25 ans. Afin d’augmenter les ressources financières qui permettront à l’Afrique de préparer l’après-Covid, le président sénégalais demande la prolongation du moratoire sur la dette, qui s’achève le 30 juin prochain, pour l’étendre à toute l’année 2021. Macky Sall appelle aussi à une réforme de la gouvernance économique et financière au niveau international, sur notamment trois aspects qui privent les pays africains d’importantes ressources financières.
« Premièrement, il y a la révision du système fiscal international. Avec le projet de lutte contre l’évasion, de la base d’imposition et le transfert des bénéfices piloté par l’OCDE sous l’égide du G20 ; deuxièmement, la lutte contre les flux financiers illicites, qui coûtent à l’Afrique jusqu’à 100 milliards de dollars par an ; troisièmement, le soutien à la révision des codes miniers et des codes pétroliers, pour une juste rémunération de ces ressources. »
En ce qui concerne la lutte contre l’évasion fiscale, le président sénégalais plaide pour que l’impôt soit acquitté là où se crée la richesse. C’est d’ailleurs le même argument avancé par les pays développés pour que les géants du numérique soient imposés partout où ils tirent leurs profits. Mais l’Afrique doit compter d’abord sur elle-même, certains orateurs du 20e Forum économique international l’ont suffisamment souligné, avec des vœux pour que la Zone de libre-échange continentale africaine (entrée en vigueur le 1er janvier 2021) soit une réussite.
Parmi les conditions de ce succès espéré, il y a la capacité du continent à se doter des infrastructures de bases pour fluidifier les activités économiques en termes d’échanges. Ibrahim Hassan Mayaki, Secrétaire exécutif du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) : « Sans projets régionaux d’infrastructures, il n’y aura pas de mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale. Et étant régionaux, nos projets d’infrastructures doivent absolument adopter une approche corridors de développement intégrés, parce qu’on parle souvent des priorités différentes : l’éducation est la priorité, la santé est la priorité, la nutrition, etc. Il n’y a pas de priorités ! Les défis sont multisectoriels, les réponses doivent être multisectorielles. Donc, dans le corridor Lagos-Abidjan, on pourra avoir de la route, on pourra avoir du rail, on pourra avoir de la fibre optique, on pourra avoir des instituts polytechniques, qui formeront des gens à la maintenance des rails, etc. »
Pour leur gestion, ces corridors intégrés nécessitent une coordination institutionnelle efficiente entre les services des différents pays concernés. L’idée que la Zone de libre-échange continentale soit un accélérateur de la croissance repose sur le fait que déjà, le PIB africain a augmenté de 4,6% de 2000 à 2018 ; une performance qui reposait largement sur la demande intérieure.
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