Être enseignant est un métier de plus en plus pénible. Ce n’est pas une question, mais bien une affirmation, d’après les principaux intéressés. Pour 95% des profs, enseigner est toujours plus compliqué, une enquête en ligne a été menée. Ce qui a motivé les syndicats à mener une action ce mardi à Liège.
C’est l’un des plus grands rassemblements d’enseignants jamais organisé en Fédération Wallonie-Bruxelles. Un millier d’instituteurs et de professeurs passionnés, mais aussi épuisés par leur métier, ont participé à un colloque.
Sur scène, certains témoignent comme Kimberley Clarisse. Cette institutrice maternelle aimerait que la pénibilité de son travail soit reconnue : « C’est souvent difficile au niveau physique, donc le dos, mais aussi au niveau psychologique, le bruit au sein d’une classe. Ca nous prend aussi beaucoup de temps au niveau des préparations parce que les enfants en maternelle ont un niveau de concentration beaucoup plus réduit ».
« Venez donner une journée de cours, vous verrez »
Mais ce qui tracasse également ces enseignants, c’est la manière dont leur métier est perçu par la société, une vision négative toujours plus difficile à supporter.
Olivier Fivet, enseignant dans le secondaire supérieur, explique: « Je pense que pour la grande majorité des gens, enseignant est égal à deux mois de congé en juillet et août. C’est dommage. Je sais reconnaître que certains métiers sont plus pénibles que le mien, mais parfois on voudrait que les gens se rendent compte. Venez donner une journée de cours, vous verrez ».
Sur un cours de 50 minutes, les enseignants doivent gérer entre 800 et 1.200 interactions avec les élèves. Beaucoup se sentent épuisés et ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à consulter les médecins. « Ils me disent qu’ils ne savent plus bien faire leur travail, que dans ces conditions-là, autant tout arrêter. La phrase qui revient souvent aussi, c’est « Si je ne pouvais être que dans ma classe, alors tout irait bien mais il y a tous les à-côtés », explique le Dr Valentine Delsaux médecin du travail.
La société en demande trop
Les enseignants se sentent de plus en plus sous pression. Ils ont le sentiment que leur métier a largement évolué et qu’aujourd’hui, la société leur demande trop. Eugène Ernst, secrétaire général CSC enseignement explique : « Aujourd’hui, lorsqu’il y a un problème dans la société, on a tendance à charger l’école. Il y a un problème de malbouffe, l’école devra le gérer. Il y a un problème de média, il faudra que l’école apprenne aux enfants la culture des médias. Il y a un problème de radicalisme, l’école devra prendre cela en charge. Ca fait partie des enjeux de société, c’est normal mais faire plus avec les mêmes moyens, cela devient à un moment donné très très difficile ».
En janvier, le ministre Daniel Bacquelaine devra décider si oui ou non il reconnaît le métier d’enseignant comme pénible dans le cadre de sa réforme des pensions. Un choix qui pourrait avoir pour conséquence l’allongement ou non de la carrière des enseignants.