L’étude évaluera aussi l’efficacité de la protection en fonction de l’espacement des deux injections, testant des intervalles de quatre et douze semaines.
L’université d’Oxford a annoncé, jeudi 4 février, lancer une étude pour déterminer si la combinaison de deux doses de vaccins différents chez un même patient reste efficace pour protéger la population contre le Covid-19. Les vaccins actuels nécessitent deux injections du même type, données à quelques semaines d’intervalle.
« Si nous montrons que ces vaccins peuvent être utilisés de manière interchangeable, cela augmentera considérablement la flexibilité de leur distribution », a souligné dans un communiqué le professeur Matthew Snape, chercheur à l’université d’Oxford. Les résultats de cette étude, qui impliquera 820 volontaires de plus de 50 ans, seront disponibles dans treize mois.
Une première mondiale
Présentée comme une première mondiale, cette étude s’intéressera à la combinaison des deux vaccins utilisés pour l’heure sur le territoire britannique, celui de l’alliance Pfizer-BioNTech et celui d’AstraZeneca-Oxford.
Ces deux vaccins apprennent à l’organisme à reconnaître la protéine du spicule (ou protéine S) du coronavirus (la pointe qui se trouve à sa surface et lui permet de s’attacher aux cellules humaines pour les pénétrer). Mais ils utilisent des technologies différentes : AstraZeneca-Oxford utilise un virus du rhume commun pour transporter le gène de la protéine de pointe dans l’organisme ; Pfizer-BioNTech utilise un morceau de code génétique appelé ARN messager (ARNm) – le mode d’emploi de la protéine du spicule – qu’elle introduit dans une petite boule de graisse.
L’étude évaluera aussi l’efficacité de la protection en fonction de l’espacement des deux injections, testant un intervalle de quatre semaines, proche de celui initialement recommandé, et un intervalle de douze semaines, retenu par les autorités britanniques pour vacciner plus de monde.
Faire face aux « contraintes liées à l’offre »
Le médecin en chef adjoint pour l’Angleterre, Jonathan Van-Tam, a souligné l’intérêt de « disposer de données qui pourraient appuyer un programme de vaccination plus souple », notamment en raison des « contraintes liées à l’offre ». « Il est même possible qu’en combinant les vaccins la réponse immunitaire soit meilleure, avec des niveaux d’anticorps plus élevés et qui durent plus longtemps », a-t-il précisé.
Au cours des dernières semaines, le Royaume-Uni, l’Union européenne et de nombreux pays ont été touchés par des problèmes d’approvisionnement en vaccins : la société AstraZeneca a déclaré qu’elle réduirait considérablement le nombre de doses qu’elle pourrait livrer en raison de retards de fabrication et Pfizer a également ralenti ses livraisons alors qu’elle modernisait son usine belge.
Le Royaume-Uni, pays d’Europe le plus touché par la pandémie avec plus de 108 000 morts, a fait de la vaccination une cause nationale pour sortir de la crise sanitaire, face à un nouveau variant plus contagieux qui l’a forcé à mettre en place, début janvier, un troisième confinement. Pour l’heure, le pays a vacciné plus de 10 millions de personnes et vise l’objectif de 15 millions de personnes vaccinées d’ici à la mi-février, comprenant les plus de 70 ans, les soignants et les personnes les plus à risque.
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