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Des éléments du cours d’éducation civique au Nouveau-Brunswick font sursauter des Acadiens

Un cours d’éducation civique sera offert l’automne prochain dans les écoles secondaires anglophones au Nouveau-Brunswick. Mais déjà, certains y voient un affront à l’endroit des francophones de la province.

Dans la section du programme portant sur les droits linguistiques, le ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance réfère les enseignants au site Web de l’Anglophone Rights Association of New Brunswick (ARANB).

Cet organisme est connu pour ses positions hostiles à l’égard du bilinguisme institutionnel dans sa forme actuelle.

À la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), on s’indigne.

« Le programme recommande aux enseignants du système scolaire anglophone d’aller voir l’Anglophone Rights Association comme référence historique au niveau des droits linguistiques. J’ai pas d’explication pour ça. Cela n’a aucun sens. »— Une citation de  Alexandre Cédric Doucet, président de la SANB

Si le gouvernement tente d’inculquer une certaine idéologie à travers son éducation dans la communauté anglophone, c’est certain que les tensions qu’on vit aujourd’hui vont encore être là dans 20 ou 30 ans, a-t-il ajouté.

La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick est aussi mentionnée comme référence dans le programme en question.

Des citoyens engagés dans la société

Le nouveau cours d’éducation civique sera donné aux élèves de 10e année du secteur anglophone.

Le cours vise, entre autres, à mieux préparer les jeunes Néo-Brunswickois à être des citoyens engagés dans la société.

Selon le programme, les élèves se pencheront notamment sur les droits de la personne, la notion d’appartenance et les questions liées au pouvoir.

L’association clame qu’elle n’est pas contre le bilinguisme

Sur son site web, l’Anglophone Rights Association of New Brunswick se dit favorable au bilinguisme, pourvu qu’il soit équitable envers les anglophones et qu’il leur accorde une place sur le marché du travail et dans la fonction publique, par exemple.

De plus, dans un message publié sur son site Internet le 24 janvier 2021, l’ARANB maintient qu’elle ne s’oppose pas au bilinguisme, comme certains l’affirment publiquement.

Ceux qui perpétuent la notion que l’ARANB est opposée au bilinguisme essaient intentionnellement d’éviter une discussion sérieuse qui mènerait à une résolution juste et équitable des problèmes, écrit le groupe.

Le drapeau du Nouveau-Brunswick.

PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / ADRIAN WYLD

Radio-Canada Acadie a demandé une entrevue avec l’Anglophone Rights Association of New Brunswick, mais cette demande est restée sans réponse.

Dans une déclaration écrite du ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance, on explique que : Pour soutenir la pensée critique, il est important que les élèves soient en mesure d’examiner une variété de perspectives et les manières ou méthodes dont les divers groupes choisissent de s’organiser et de communiquer. 

Une tendance du gouvernement, note un sociologue

Selon le sociologue Gilbert McLaughlin, professeur de criminologie à l’Université Liverpool Hope, en Angleterre, l’importance accordée à l’Anglophone Rights Association dans ce programme scolaire s’inscrit dans une tendance du gouvernement Higgs de normaliser ce genre de discours.

Il s’agit plutôt d’un processus politique que d’un processus vraiment axé sur l’éducation, a affirmé le professeur McLaughlin, qui a été conseiller municipal à Tracadie au Nouveau-Brunswick en 2021 et 2022.

Ça semble toujours comme des petits cas, des petits pas. La même chose avec Kris Austin, la même chose avec les ambulances françaises, la même chose avec les autobus scolaires. Mais quand on met tous ces cas-là ensemble, on s’aperçoit que ce n’est pas anodin, que ce n’est pas des hasards. Qu’il s’agit bien d’une relation différente avec la communauté francophone, a-t-il déclaré dans un entretien à partir de l’Angleterre, samedi.

« On redessine la façon dont on établit la relation entre nos deux communautés. »— Une citation de  Gilbert McLaughlin, sociologue

Le gouvernement de Blaine Higgs avait rencontré l’Anglophone Rights Association of New Brunswick dans le cadre de la révision de la loi sur les langues officielles l’année dernière.

Selon le sociologue Gilbert McLaughlin, avec le temps, des liens se sont formés entre le groupe et le gouvernement en place.

Il croit que Fredericton traite de plus en plus la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick et l’Anglophone Rights Association of New Brunswick sur un même pied d’égalité.

J’y vois vraiment un long processus souhaité par le gouvernement, depuis le début, d’essayer d’avoir une non-distinction entre les groupes. Le gouvernement peut alors se présenter comme le médiateur entre deux groupes vraiment opposés — deux groupes communautaires — et de se dire regarde : c’est deux groupes équivalents et puis nous, le gouvernement, on va devoir trouver des positions plus conciliantes, trouver un compromis entre ces deux-là, affirme Gilbert McLaughlin.

Le sociologue Gilbert McLaughlin en entrevue à partir de l’Angleterre, samedi.

PHOTO : RADIO-CANADA

Ce qui pourrait mener, toujours selon le sociologue, à une remise en question du statut des groupes de défense des communautés francophones.

Je vois vraiment dans les quatre dernières années […] du mandat de Higgs, une volonté de neutraliser les groupes et les associations pour vraiment les mettre sur les mêmes niveaux, affirme-t-il.

Pour sûr, ça doit fâcher un peu la SANB, parce que ça change beaucoup la relation qu’elle a avec le gouvernement, croit M. McLaughlin. C’est qu’elle n’avait pas de concurrent dans la sphère publique avant.

Pour la SANB, poursuit-il, avoir un gouvernement réfractaire, elle a déjà vécu ça. […] Perdre son statut de chien de garde, ça, c’est une autre question. C’est-à-dire à la table, il [Higgs] dit : merci d’avoir discuté avec nous, maintenant on va aller voir l’autre groupe. Parce qu’il faut consulter tout le monde dans une société. Donc, on les neutralise.

Le gouvernement Higgs, avance-t-il, agit aussi de la sorte car il y voit un intérêt politique. Ça a un écho, dit-il, rappelant les succès électoraux de l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick dans certaines régions et la nomination de l’ancien chef de ce parti, Kris Austin, au comité de révision de la Loi sur les langues officielles.

On voit qu’il [Higgs] patauge là-dedans et que ça va servir, vraiment, à récompenser des militants et une certaine partie de la population qui a supporté le gouvernement sur ces enjeux depuis plusieurs années, affirme Gilbert McLaughlin.

Le ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance précise que l’inclusion de certaines pages web dans le programme du cours ne signifie pas que la province endosse les idées véhiculées par l’association.

Du même souffle, on ajoute que l’Anglophone Rights Association of New Brunswick fait figure de référence en matière d’histoire et de langue pour les enseignants. Le cours, qui n’est qu’un projet pilote pour l’instant, sera examiné et des ajustements seront apportés, si le ministère juge que c’est nécessaire.

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Written by Abdourahmane

Je suis Diplômé en Aménagement et Gestion Urbaine en Afrique, Spécialiste en économie urbaine en même tant Reporter et Éditeur au Journal Universitaire. Je suis également un passionné des TIC.

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