Depuis quinze ans, l’association Elles bougent cherche à pousser les filles vers les filières scientifiques. Amel Kefif en est la directrice générale.
Amel Kefif est directrice générale du réseau Elles bougent depuis janvier 2021. Cette association qui a l’agrément du ministère de l’Éducation nationale a pour objectif de susciter des vocations féminines pour les métiers scientifiques et techniques.
LE FIGARO ÉTUDIANT. – Qu’est-ce que l’association Elles bougent?
Amel KEFIF. – J’ai connu l’association quand j’étais chef de cabinet au secrétariat d’État avec la ministre Marlène Schiappa. C’est l’une des associations qui m’a le plus marquée pour son impact sur la féminisation des filières industrielles. Elle a été créée en 2006 afin de répondre à la demande de DRH des groupes industriels qui avaient besoin de recruter davantage de femmes. L’association, présidée depuis 2022 par Sabine Lunel-Suzanne, compte 200 entreprises partenaires dans l’aérospatial, l’automobile, le BTP, la défense, la tech, les assurances et la banque notamment.
Quelles sont les actions de l’association?
Avec 9 000 bénévoles dont 7 500 marraines (femmes ingénieurs, techniciennes), nous organisons plus de 500 événements qui sensibilisent 40.000 jeunes femmes. Nous invitons des lycéennes, des collégiennes et des étudiantes à des salons (le Bourget, le Salon de l’auto, Vivatech, Global Industrie…), à notre challenge Innovatech qui leur permet de se mettre dans la peau d’une ingénieur pendant une journée. L’idée est de favoriser la rencontre entre ces jeunes filles et des marraines.
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Ces événements permettent aux filles de se projeter car toutes n’ont pas ce type d’exemple autour d’elles. Nous leur faisons aussi visiter des sites industriels. Ainsi, nous avons mobilisé des filles de 3e d’un collège de Gagny (Seine-Saint-Denis) pour une visite au sein du siège de Plastic Omnium où sept marraines les attendaient. Les jeunes filles sont surprises qu’on puisse travailler dans l’industrie tout en restant féminines. Les marraines parlent de leur métier et les jeunes filles peuvent leur poser des questions professionnelles et personnelles.
Pourquoi les femmes sont-elles encore si peu nombreuses?
Il s’agit d’un problème d’orientation, de choix d’options, de désinformation, de stéréotypes ancrés aussi bien chez les parents que chez les professeurs. En cela, la réforme du bac a malheureusement détruit vingt-cinq ans d’efforts pour arriver à la parité dans la filière scientifique. En comparaison avec les autres années, il y a une chute de 67 % des filles choisissant les matières scientifiques en première. Et cela impacte les garçons qui sont moins nombreux aussi qu’avant. Selon moi, la meilleure solution pour rétablir les efforts et la place des filles dans les matières scientifiques (au moins en secondaire) serait de revenir à l’ancienne formule du bac. Je suis ravie que le ministre Pap Ndiaye ait fait machine arrière, et qu’il ait réinscrit les maths obligatoirement présentes dans le tronc commun au lycée en première à la rentrée 2023, ceci est une bonne chose.
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