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AgriNumA 2019 : le 1er rendez-vous de l’agriculture numérique en Afrique de l’Ouest

développement agricole/Selon une étude du cabinet BearingPoint, l’utilisation d’applications mobiles, notamment, pourrait apporter davantage d’efficacité à l’agriculture africaine. D’ici à 2050, la population africaine sera passée de 1,2 à plus de 2,5 milliards d’habitants. L’enjeu majeur sera de nourrir deux fois plus d’Africains, alors que l’agriculture sur le continent est cinq à six fois moins productive que la moyenne mondiale. Aujourd’hui encore, l’insécurité alimentaire sévit dans de nombreux pays. Mais les solutions apportées par les nouvelles technologies pourraient changer la donne, selon une étude du cabinet Bearing Point intitulée « Le nouvel or vert de l’Afrique ». A l’heure actuelle, la plus grande partie de la nourriture consommée en Afrique provient de 250 millions de petites exploitations familiales disposant de faibles moyens. La filière agricole est tellement peu organisée que 40 à 70 % des récoltes sont jetées, faute de lisibilité de l’offre et de la demande : par exemple, les meuniers n’achètent qu’une partie des productions car ils doutent pouvoir vendre à l’échelon suivant. La plupart des pays africains sont donc contraints d’importer du riz, du maïs ou du blé pour combler ce manque. Ainsi, en Côte d’Ivoire, bien que les riziculteurs produisent l’équivalent de ce que la population consomme, 50 % du riz consommé est importé d’Asie. BearingPoint Une aberration qui pourrait être résolue par la mise en place d’une plateforme numérique, plaide Jean-Michel Huet, associé chargé du développement international et de l’Afrique chez BearingPoint. En réunissant tous les acteurs du secteur, celle-ci, conçue par exemple sous la forme d’une application mobile, encouragerait la circulation de l’information, rassurerait les acheteurs sur les possibilités d’écoulement et permettrait au monde paysan de vendre l’intégralité de sa production. Des revenus multipliés par deux A la clé, les agriculteurs pourraient multiplier par deux leurs rentrées d’argent. En Afrique, ceux-ci gagnent en moyenne entre 800 et 950 euros par an. « Ce doublement permettrait à cette catégorie de la population de passer du groupe des 60 % d’Africains les plus pauvres au début de la classe moyenne », souligne l’associé du cabinet européen. Cette augmentation des revenus autoriserait du même coup l’exploitant à acheter des services supplémentaires qui viendraient accroître sa productivité. La plateforme permettrait également de proposer des biens et des services aux agriculteurs, des produits bancaires aux assurances en passant les intrants agricoles. « Grâce à la plateforme, un assureur a accès à M. Untel, propriétaire de X hectares de riz, et à ses coordonnées. Il lui fait une offre, que M. Untel peut payer par paiement mobile, et il fait sa prospection comme ça », illustre Jean-Michel Huet. BearingPoint Déjà, des modèles sectoriels d’intégration numérique commencent à se mettre en place de façon ponctuelle. Ainsi, au Nigeria, l’ONG Convention on Business Integrity s’est associée avec une banque, en octobre 2018, pour lancer une plateforme numérique à destination des producteurs de maïs. Grâce à l’application mobile SAP Rural Sourcing Management, les acteurs de la filière échangent des informations, de l’agriculteur jusqu’au transformateur. Pour l’instant, 50 000 agriculteurs sont impliqués. « Résultat : ils vendent 100 % de leur production depuis novembre », affirme Jean-Michel Huet. Les plateformes numériques ne sont pas le seul modèle pertinent. Ainsi, le Centre international d’agriculture tropicale (CIAT) a lancé en 2009 un Service d’information des sols africains (AfSIS) dont l’objectif est de dresser une cartographie numérique à l’échelle du continent. Par la combinaison de l’imagerie satellite et de la spectroscopie infrarouge, auxquelles s’est depuis ajouté le drone agricole, l’AfSIS appuie les politiques gouvernementales et aide les ONG à promouvoir les types d’agriculture les plus adaptés aux territoires. Plusieurs obstacles se dressent Mais si quelques pistes s’esquissent, l’alliance entre l’agriculture et le numérique est encore à inventer. « On parle de grosses transformations, cela ne sera pas facile », concède Jean-Michel Huet. Plusieurs obstacles se dressent, comme l’accès à Internet, qui demeure faible en Afrique, ou le taux élevé d’analphabétisme. Malgré ces freins, « de plus en plus d’entreprises privées commencent à investir grâce au bouche-à-oreille », rapporte l’analyste. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Une « révolution verte » en Afrique grâce à la blockchain ? BearingPoint a simulé l’impact des plateformes numériques sur l’ensemble de l’économie africaine d’ici à 2050, selon quatre scénarios. Dans le plus pessimiste, l’effet est marginal : le temps de développement de l’innovation est long, au point que seuls 5 % des petits agriculteurs finissent par l’adopter. Selon le scénario le plus optimiste, peu d’acteurs s’engagent au départ, mais le modèle trouve son rythme en 2030 grâce au bouche-à-oreille, pour finir par toucher 80 % d’agriculteurs en 2050. BearingPoint Le cabinet de conseil estime alors à 350 millions le nombre de petits agriculteurs familiaux qui bénéficieraient d’un revenu de 2 200 euros par an, et à 630 milliards d’euros la contribution de l’agriculture au PIB africain. « Grosso modo, c’est deux fois les revenus du pétrole à euro constant », indique Jean-Michel Huet. L’agriculture Afrique 2050/formation en pilotage de drone

Plus de 100 acteurs académiques, industriels et de la société civile (Sénégal, Mali, Burkina Faso, Bénin, Cameroun) du secteur numérique et agricole sont attendus du 28 au 30 avril à Dakar (Sénégal) pour AgriNumA 2019, le 1er symposium régional “Agriculture Numérique en Afrique”. Cet événement, organisé par le Cirad, en collaboration avec le Lirima, dans le cadre de l’Institut Convergences #DigitAg, est soutenu par l’Inria et Montpellier Université d’Excellence. Il est adossé à la 9e Conférence sur la Recherche en Informatique et ses Applications*, organisée par l’Association Sénégalaise des Chercheurs en Informatique.

Les nouvelles technologies (capteurs, smartphones…), les données et méthodes du numérique (sciences des données, imagerie, intelligence artificielle…) peuvent être un levier puissant au service de toutes les formes d’agriculture, de modes de consommation et de commercialisation. Confrontée à un défi alimentaire majeur, l’agriculture africaine pourrait-elle ainsi augmenter ses performances économiques, environnementales et sociales, en développant le numérique ? C’est le fil rouge du 1er symposium régional “Agriculture Numérique en Afrique” AgriNumA qui aura lieu du 28 au 30 avril à Dakar au Sénégal.

Ce grand rendez-vous de l’agriculture numérique démarrera le dimanche 28 avril par un showroom dans lequel une vingtaine de start-up de l’AgriTech régional (Sénégal, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Cameroun, Bénin) présenteront leurs réalisations et projets de R&D.

Lors de cette première journée, les start-ups et les utilisateurs de services seront invités à aller à la rencontre des chercheurs du Cirad, du Lirima, des établissements d’enseignement et de recherche de la région (universités : UCAD, UGB, ESP, Bambey, Thiès, Yaoundé ; centres régionaux : AGRHYMET, CSE ; SNRA : ISRA, IER) ou de laboratoires français comme Orange lab. Ils découvriront ainsi leurs derniers travaux : communication sans fil pour l’agriculture connectée (Lirima), cartographie d’indicateurs de durabilité en appui aux politiques publiques AgriSAN (CSE), prédiction génomique de la production de latex chez l’hévéa (Cirad, Univ. Yaoundé), analyse d’images pour estimer les rendements de mangues au Sénégal (ISRA, UCAD, Cirad), conception centrée utilisateurs et accessibilité des interfaces (Orange lab), utilisation des drones dans la recherche (ISRA, Cirad).

L’ouverture officielle d’AgriNumA aura lieu ensuite le lundi 29 avril , en présence des Ministres de la Recherche et de l’Agriculture du Sénégal (à confirmer), des organisateurs d’AgriNumA (Cirad, Lirima-Inria, #DigitAg), de l’Ambassade de France au Sénégal (à confirmer), et de l’Agence Française de Développement.

La matinée sera consacrée à des interventions sur les écosystèmes favorables aux innovations par le numérique en agriculture et agro-alimentaire, avec notamment la présentation de Digital Africa et de son cluster Agriculture-Alimentation par Hervé Pillaud. Une table-ronde sur les conditions d’émergences de ces écosystèmes suivra.

L’après-midi comportera deux sessions thématiques au cœur des nouvelles problématiques abordées avec le numérique :

  1. Piloter son exploitation avec le numérique (irrigation, fertilisation, prévision de rendement, optimisation…)
  2. Appuyer les acteurs des filières et l’action publique avec le numérique (services agro-météorologiques, mise en relation directe des producteurs et des cantines, analyse des marchés, imagerie satellitaire pour l’assurance agricole, transformation du conseil agricole…)

La matinée de la dernière journée, mardi 30 avril , sera ensuite organisée autour de deux ateliers parallèles, suivis d’une table-ronde, qui aborderont :

  • l’usage des données massives, l’intelligence artificielle et la science des données (modélisation et veille en épidémiologie animale et végétale, modélisation de croissance des plantes à l’aide de réseaux de neurones, phénotypage au champ par imagerie drone, mise en relation des données pour renforcer la sécurité alimentaire…) [atelier]
  • la co-conception , le co-design de nouveaux services avec le numérique (plateformes d’innovation collaborative, design thinking, grille d’analyse pour la construction de services numériques…) [atelier]
  • les besoins en compétences spécifiques du domaine de l’agriculture numérique et la formation par les filières AgroTIC [table ronde]

L’après-midi sera consacrée à la restitution de ces ateliers suivie de la présentation de l’offre de la Graduate School #DigitAg et d’un débat final sur les questions de recherche et de développement qui émergent et les formes de collaboration à mettre en place pour y répondre.

* Une session spéciale AgriNumA 2019 sera organisée le 26 avril 2019 à Saint-Louis dans le cadre de la 9e Conférence sur la Recherche en Informatique et ses Applications (CNRIA’2019).

cirad.fr

Written by Abdourahmane

Je suis Diplômé en Aménagement et Gestion Urbaine en Afrique, Spécialiste en économie urbaine en même tant Reporter et Éditeur au Journal Universitaire. Je suis également un passionné des TIC.

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