L’Acte 3 de la décentralisation, réforme dont l’ambition est d’organiser le Sénégal en territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable, demeure confrontée à plusieurs défis parmi lesquels la faiblesse des ressources financières et humaines dont disposent les collectivités territoriales, estime le géographe Maoundé Baldé, spécialiste en administration et gestion des collectivités territoriales.
L’Acte 3 de la décentralisation, dont la loi a été instituée en décembre 2013, reste « confronté à la faiblesse des ressources financières et humaines des collectivités locales et à l’absence de concertation entre les collectivités locales d’une même région ainsi que les faiblesses des stratégies de coordination des investissements locaux », a-t-il expliqué. M. Baldé, s’entretenant avec l’APS sur l’apport de l’Acte 3 de la décentralisation qui a conduit à la communalisation intégrale du Sénégal, a de même évoqué « la persistance des confusions de rôle » entre le département et la commune. L’Acte 3 de la décentralisation, « quoiqu’on puisse dire, a conféré aux citoyens ou à leurs élus plus de pouvoirs de décision », a souligné le spécialiste en administration et gestion des collectivités territoriales. « Cette forme de décentralisation est souvent liée au pluralisme politique et au gouvernement représentatif’’, elle « soutient également la démocratie en donnant aux citoyens et/ou à leurs élus plus d’influence dans la formulation et l’exécution de la politique d’une administration », a-t-il indiqué.
Selon lui, à ce niveau, « les décisions prises avec une plus grande participation des administrés, pour la plupart des cas, sont bien fondées et répondent mieux aux besoins des intérêts de la société que celles prises uniquement par les autorités centrales ». « La décentralisation politique permet aux citoyens de mieux connaître les élus locaux et permet aux élus de mieux connaître les besoins et les aspirations de leurs électeurs », a-t-il ajouté. Il a rappelé que l’Acte 3 ambitionne de « reconstruire des dynamiques territoriales par une orientation vers l’équité sociale et territoriale, la promotion de la gestion durable des ressources dans les zones de terroir et la recherche de réponses durables aux cloisonnements territoriaux tout en permettant une bonne adhésion, une meilleure appropriation, une nette implication et une réelle participation des populations dans la gouvernance locale ». « Toutefois, a-t-il précisé, théoriquement, quand on pose certaines questions aux populations, nous nous rendons compte qu’elles ignorent les véritables enjeux de l’Acte 3 de la décentralisation, parce que ces enjeux se présentent sous forme de forces et de faiblesses dans les territoires ».
L’Acte 3 de la décentralisation a engrangé « des acquis politiques et juridiques » qui ont aidé les collectivités territoriales à mieux prendre des décisions en conformité avec les lois et les règlements en vigueur, a indiqué Maoundé Baldé. Cette réforme a aussi permis la promotion de la gouvernance territoriale à travers la participation citoyenne et a accru la responsabilisation des acteurs locaux et des élus dans l’exécution des projets de développement territorial, a-t-il relevé. « Le Sénégal est un pays phare en matière de décentralisation. Il a très tôt montré son savoir-faire et ses capacités à innover dans ce domaine. Aujourd’hui, grâce à son système de gouvernance performant, nous avons connu la paix et la stabilité même si parfois des voix s’élèvent pour dire non à certaines pratiques quelque fois condamnables », a soutenu l’expert. Le pays compte à ce jour 599 collectivités territoriales, 557 communes et 42 départements et non 45, selon lui, les départements de Dakar, Pikine et Guédiawaye n’ayant pas un statut de département au sens des collectivités territoriales, mais celui de ville, précise-t-il.
aps.sn