Sur le plan écologique et humain, Mbeubeuss est une bombe. L’Etat veut retirer plus de 200 enfants qui vivent au niveau de la décharge au péril de leur avenir et de leur vie. En attendant, le Promoged veut y ériger une garderie d’enfants.
C’est une annonce qui rassure : plus de 200 enfants de Mbeubeuss vont être retirés de la décharge. C’est une annonce de Ibrahima Diagne, Directeur général du Projet de promotion intégrée et de l’économie des déchets (Promoged). En rencontre avec les acteurs du secteur, il a fait savoir qu’il est temps de concrétiser le retrait des enfants de la décharge de Mbeubeuss, qui compromet leur avenir. «Plus de 200 enfants sont présentement dans cette décharge, non pas à la quête du savoir, mais plutôt à la quête de l’avoir. Et nous avons constaté qu’il y a vraiment un problème de protection de l’enfance qui se pose. C’est la raison pour laquelle l’Etat a voulu s’engager pour pouvoir prendre ce problème de manière vraiment durable, en actionnant les leviers nécessaires pour retirer définitivement ces enfants de la décharge», avance le directeur du Promoged.
Dans le passé, si l’on se souvient, il y avait des tentatives des structures de l’Etat, de sortir ces gamins de la décharge de Mbeubeuss. Malheureusement, cela s’est soldé par un échec total. Après quelque temps, ils sont revenus dans ce monde pollué et compromettant. Conscient de ces précédents échecs, Ibrahima Diagne compte y aller avec méthode. En quoi faisant ? «Face à ce problème structurel, il faut apporter une solution structurelle, et non juste retirer les enfants de la décharge. Mais il faut remonter à l’origine, aux causes. Parce qu’aujourd’hui nous avons constaté qu’il y a des enfants qui viennent, outre du Sénégal, d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest, d’autres villages, mais aussi il y a des talibés, et d’autres encore qui sont des soutiens de famille. Et cela veut dire que ces enfants, si vous les retirez de la décharge sans offrir des solutions alternatives durables, ils seront obligés de revenir au lieu habituel», explique le directeur de Promoged. En dépit de sa bonne volonté, le retrait des enfants de cette décharge ne sera pas facile. Que faire pour vaincre les résistances ? «On va s’adresser à tout le monde et nous allons solliciter tout le monde. Nous irons parler aux maîtres coraniques, nous allons parler avec le monde éducatif, des imams, des délégués de quartier, mais surtout avec les mamans», avance M. Diagne, qui promeut une démarche inclusive.
Garderie d’enfants
En attendant, il faut mettre en place des structures d’accueil. Au niveau de la décharge, qui est un autre monde, s’affrontent plusieurs générations : des vieux, des adultes, des jeunes filles, des femmes, mais la question la plus sensible et le constat le plus choquant, c’est la présence des petits enfants et bébés qui y vivent au péril de leur vie. Prenant en compte cette frange vulnérable de la population, le directeur de Promoged prévoit des mesures alternatives. Il dit : «Nous sommes en train de voir comment mettre une garderie d’enfants au niveau de l’entrée de la décharge pour permettre à ces femmes, lorsqu’elles viennent à Mbeubeuss pour chercher leurs revenus, elles puissent déposer leurs bébés dans un cadre beaucoup plus approprié que la décharge.» Il enchaîne : «Les enfants, âgés de 7 à 17 ans, une fois retirés au niveau de la décharge, vont être installés au niveau des centres de formation, et bénéficieront d’un suivi pour leur permettre d’avoir une certaine activité économique dans le respect des lois et règlements.»
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