Partech est un fonds de capital-risque spécialisé dans les technologies de l’information et de la communication. Fondé il y a 40 ans, en 2018, Partech lance Partech Africa, devenant l’un des plus grands fonds de capital-risque dédié aux start-up africaines. Cet acteur clé a rendu public pour la cinquième année son rapport sur le secteur. Et selon ce dernier, l’écosystème de la tech africaine poursuit son essor en 2021 avec 5,2 milliards de dollars de fonds levés pour plus de 700 investissements.
Un investissement dans la tech africaine multiplié par 20 en cinq ans. Tidjane Deme, l’ex-patron de Google pour l’Afrique francophone, est aujourd’hui codirigeant du fonds d’investissement Partech Africa. Pour lui, l’un des premiers phénomènes à noter est la diversification des pays où les investissements se font.
« Lorsque nous avons commencé ce travail, 85% des investissements allaient dans trois pays d’Afrique : le Nigeria, l’Afrique du Sud et le Kenya. Aujourd’hui, c’est l’Égypte qui est venue s’ajouter », explique Tidjane Deme.
« L’ensemble de ce quatuor fait moins de 80% et, plus important pour nous, le nombre de pays qui ont bénéficié d’un investissement tech continue à augmenter. C’était au total une dizaine de pays il y a cinq ans, aujourd’hui c’est une trentaine de pays où l’on voit des investissements se faire. Le fait que l’assiette de pays dans lequel ces transactions se font se soit élargie est pour nous un indicateur très important de la santé et du développement de l’écosystème », détaille-t-il.
Des investissements dans l’Afrique francophone qui ne sont pas en reste
Autre élément important, l’espace anglophone, s’il reste leader, n’est plus le seul acteur attractif. Hors du quatuor de tête, la moitié des pays où des investissements sont réalisés, sont des pays francophones.
« Le fait que cette année, le Sénégal soit le pays numéro 5 grâce à des levées records de la start-up Wave n’est pas étranger à tout ça », note Tidjane Deme. « Parce que le fait qu’une start-up comme Wave ait pu se développer au Sénégal jusqu’à atteindre une valorisation de 1,7 milliard de dollars a été un coup de semonce dans l’écosystème, un « wake-up call » comme disent les anglophones. Et ils se sont tous dit : “Oh mon dieu ! Qu’est-ce que nous sommes en train de rater dans l’espace francophone ?” Et ils sont tous venus frapper à nos portes : “Chers amis de Partech, montrez-nous les starts-up francophones.” Et donc il y a probablement ici une tendance qui va continuer dans les années qui viennent », souligne-t-il.
Une concentration de « megadeals »
Autre phénomène souligné : la concentration des investissements dans quelques start-up.
Il y a ce que nous appelons les « megadeals ».C’est-à-dire les start-up qui ont levé des tickets d’investissements supérieurs à 100 millions de dollars. Il y en a eu 14 en 2021. Et ces 14 start-up ont levé un total à elles seules de 2,5 milliards de dollars, la moitié de l’investissement. Douze d’entre elles sont dans la fintech. C’est normal pour deux raisons. D’abord parce que en 2020, beaucoup de ces start-up qui devaient lever des round très gros dans le contexte du Covid-19 ont retardé leur levée… Et donc il y a un effet de rattrapage en 2021 sur ces transactions-là. Donc ça renforce cette concentration. La deuxième raison, c’est que dans la fintech, il y a eu des sociétés qui ont commencé leur activité il y a plus de 10 ans, qui sont en train de mûrir qui sont en train de lever des rounds d’abord de 5 millions, puis 20 puis 100 et qui arrivent maintenant à des montants énormes
Autre élément à noter pour Tidjane Deme : la diversification des secteurs d’activité des start-up grâce à la transformation numérique de domaines comme l’agriculture, la santé ou encore l’éducation.
rfi.fr