Seuls 4% des recherches scientifiques publiées sur le Covid-19 sont pertinentes pour l’Afrique, alors que le continent comprend près d’un cinquième de l’humanité, selon une étude publiée mardi.
Avec près de quatre millions de cas confirmés à travers le continent, les auteurs de l’étude ont déclaré que le manque relatif de recherches sur l’Afrique ou rédigées par des Africains s’ajoutait aux «preuves de colonialité dans la recherche et la prise de décision en santé mondiale».
Les chercheurs ont analysé plus de 2.000 articles évalués et publiés dans les 10 principales revues médicales entre le 1er janvier et le 30 septembre 2020.
L’analyse a révélé que 94 articles seulement sur 2.196 articles étudiés – environ 4% – comprenaient du contenu lié à l’Afrique ou à un pays africain spécifique.
Dans les articles relatifs à l’Afrique, seuls 210 auteurs sur 619 ont cité des auteurs africains, soit 34%.
Cela signifie que les deux tiers des auteurs de la recherche Covid-19 liée au continent n’étaient pas africains, contre des auteurs africains représentant 3% des auteurs de recherches non axées sur l’Afrique.
L’Afrique abrite 17 pour cent de la population mondiale.
Les auteurs de l’analyse, publiée dans la revue en ligne BMJ Global Health, ont déclaré que les résultats n’étaient pas surprenants étant donné la façon dont les auteurs africains ont été historiquement sous-représentés dans la recherche scientifique.
«La politique de santé n’est pas seulement éclairée par des recherches originales; des directives, des opinions et des commentaires sensés et adaptés au contexte sont également essentiels pour améliorer le fonctionnement des systèmes de santé», ont-ils écrit.
«Cela est particulièrement vrai en période de forte augmentation, lorsque la recherche originale peut être difficile à produire dans des régions à faibles ressources, comme en Afrique.
«Les voix et la recherche africaines sont nécessaires pour guider la riposte locale à la pandémie», ont-ils conclu.
Les auteurs ont appelé les gouvernements à augmenter le financement de la recherche, en particulier sur les maladies infectieuses, et ont déclaré que les revues scientifiques avaient un rôle à jouer pour garantir que leurs études soient plus représentatives de la population mondiale.
«Le moment est venu pour les revues faisant autorité de se tourner vers les auteurs et de se demander où se trouve la représentation locale quant aux articles décrivant les systèmes de santé dans des régions qui ne sont pas les leur», ont-ils écrit.
Une analyse distincte a renforcé les résultats, en examinant la recherche liée aux chercheurs ou institutions africains entre novembre 2019 et août 2020.
Elle a constaté que les pays africains ont produit 3% de la part mondiale des publications de Covid-19 au cours de cette période.
Près des deux tiers d’entre elles provenaient de trois pays seulement: l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Nigeria.
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