Un étudiant africain délogé de force par la police de sa résidence universitaire de Dijon s’est entretenu ce jeudi 02 juillet 2015 avec Lecourrier-du-soir.com sur les raisons de son expulsion musclée survenue mardi à la résidence Beaune. La rédaction du journal Lecourrier-du-soir.com a tenté de joindre le Crous de Dijon dans la journée pour avoir la version des autorités du Pôle Hébergement. Mais en vain. Voici l’interview exclusive qui a nous été accordée par l’étudiant en question
Lecourrier-du-soir.com : Pouvez-vous vous présenter brièvement?
Saloum Gueye : je m’appelle Gueye Saloum. J’ai 25 ans et je suis étudiant en Master 2 de Recherche économie et gouvernance territoriale à l’université de Bourgogne
Lecourrier-du-soir.com : Nous avons appris que vous avez été expulsé de force de votre résidence universitaire. Expliquez-nous les raisons de cette expulsion par le Crous de Dijon ?
Saloum Gueye : En fait à l’approche de chaque vacance d’été le Crous nous demande de remplir une fiche pour savoir si nous souhaitons garder nos chambres pendant les vacances. Nous devons fournir deux motifs valables. Moi, je travaille au Mac Donald et je rédige un Mémoire. Certains étudiants ont eu des réponses positives. D’autres pas. Hier, le directeur du Pôle hébergement, en l’occurrence Monsieur Dumas, ne m’a donné aucune raison valable. Tout ce qu’il m’a dit était que je résidais au Crous depuis l’année dernière alors que d’autres étudiants y vivent depuis 4 ans.
Lecourrier-du-soir.com : D’après nos informations, la police a été sollicitée lors de cette expulsion. Pour quelle raison ? Est-ce parce que vous refusiez de sortir ?
Saloum Gueye : Hier matin, je suis revenu du travail à 7h30. C’est alors que Monsieur Dumas est venu frapper à ma porte pour me présenter une lettre d’exclusion. Il m’a demandé de quitter la résidence. Je lui ai fait savoir que je n’avais nulle part où aller. A 15h00, il revient avec la police pour procéder à mon expulsion.
Lecourrier-du-soir.com : La police s’est-elle bien comportée avec vous lors de son intervention ?
Saloum Gueye : Les policiers sont arrivés et ont mis la pression sur moi. Ils ont voulu jeter mes affaires par la fenêtre. Ils ont commencé ensuite à faire sortir mes valises. Ils ont embarqué un de mes amis qui tentait de leur faire savoir qu’il fallait une autorisation du juge pour procéder à une expulsion. Par la suite Monsieur Dumas est revenu avec un homme qu’il m’a présenté comme un huissier. Ce dernier voulait régler le problème à l’amiable. Mais le directeur restait campé sur sa position de ne pas me loger
Lecourrier-du-soir.com : Apparemment, vous êtes retourné à votre chambre à la résidence universitaire mais vous y restez sans électricité ni eau. Comment survivez-vous dans ces conditions difficiles ?
Saloum Gueye : l’eau et l’électricité ont été coupées. J’ai passé une nuit difficile.
Lecourrier-du-soir.com : Est-ce que vous aviez sollicité le soutien des étudiants africains de Dijon pour venir à votre secours avant le début de ce bras de fer avec le Crous de Dijon ?
Saloum Gueye : Des étudiants qui étaient dans la même situation que moi avaient peur aussi. Il y a une fille africaine qui était contrainte de quitter les lieux. En ce moment, elle loge chez un garçon. Mais oui, je confirme que des africains m’ont soutenu avant et après l’incident.
Lecourrier-du-soir.com : Pensez-vous qu’il s’agit d’une expulsion arbitraire et qui n’avait aucune raison de se produire ?
Saloum Gueye : Monsieur Dumas aurait pu loger tous les étudiants africains car nous sommes loin de nos familles. Nous étudions et nous travaillons aussi. S’il avait fait, rien de tout cela ne serait arrivé.
Lecourrier-du-soir.com : Comptez-vous saisir la justice ou souhaitez-vous une solution à l’amiable ?
Saloum Gueye : Vue la tournure des événements et surtout la garde à vue de mon ami, je compte saisir la justice pour que tout le monde sache ce que le Pole Hébergement de l’université de Dijon nous a fait subir. Il ne nous respecte pas en tant qu’africain.
Lecourrier-du-soir.com : Selon vous, qu’est-ce que les gouvernements africains doivent faire pour venir en aide aux étudiants en difficulté résidant en France ?
Saloum Gueye : Les gouvernements africains doivent mettre en place des services dans chaque ambassade qui prendront en compte nos revendications par rapport à l’injustice que nous subissons. Ils doivent nous accompagner dans cette lutte. Tout ce que nous demandons est d’étudier dans de bonnes conditions.
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