Plus de 500 étudiants burundais, chassés jeudi matin des résidences universitaires fermées par les autorités, campaient en début de soirée devant l’ambassade des Etats-Unis à Bujumbura, où ils sont venus demander « protection », a constaté un journaliste de l’AFP.
Les premiers étudiants sont arrivés dans la matinée devant les grilles de l’ambassade, dans le quartier de Kigobe, peu après avoir quitté leurs chambres universitaires sur ordre des autorités qui ont ordonné l’évacuation des résidences des campus « pour raison de sécurité ».
« Comme le gouvernement nous a chassé des résidences universitaires en disant que c’est à cause de l’insécurité qui règne à Bujumbura et dans le pays (…), nous sommes venus ici pour demander la protection de l’ambassade des USA », a annoncé à l’AFP Ernest Niyungeko, un des représentants estudiantins.
« Nous allons rester ici jusqu’à ce que la sécurité revienne dans ce pays », a-t-il poursuivi, « nous allons rester ici devant l’ambassade car ici au moins on ne nous tire pas dessus, on ne nous lance pas des lacrymogènes », a expliqué le représentant des étudiants.
Mesure anti-manifestations
Selon de nombreux étudiants, la décision des autorités vise à les contraindre à rentrer dans leurs provinces d’origine, car le pouvoir les soupçonne de prendre part à l’actuelle contestation contre un éventuel troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, marquée par des heurts depuis dimanche entre manifestants et policiers dans plusieurs quartiers de la capitale.
La police a réussi depuis dimanche à empêcher les protestataires de converger vers le centre de la capitale burundaise, mais peine à éteindre la colère et à faire cesser manifestations, barricades et heurts avec la police.
« L’ambassade nous a demandé de lui adresser une lettre pour expliquer ce que nous voulons et la liste des étudiants présents ». Ces étudiants, jeunes hommes et femmes, étaient pour certains debout, d’autres assis à quelques mètres des murs d’enceinte de l’ambassade ultra-moderne et ultra-sécurisée des Etats-Unis à Bujumbura.
La loi des Imbonerakure
« On nous a chassés et nous n’avons pas où aller car il y a aussi de l’insécurité à l’intérieur du pays d’où la plupart d’entre nous proviennent, car les Imbonerakure menacent les étudiants », a expliqué Dick Étienne, un étudiant de la Faculté des Sciences appliquées originaire de Bururi, dans le sud du pays.
Les Imbonerakure sont les membres de la Ligue de jeunesse du parti au pouvoir. Le groupe, qualifié de « milice » par l’ONU, est accusé de multiplier les intimidations et exactions contre tous ceux qui s’opposent au pouvoir en place.
Les Imbonerakure « nous accusent d’être d’être les premiers opposants de ce régime et nous n’avons pas où aller », a-t-il insisté, « ces Imbonerakure font la loi dans les campagnes ».
Agence France-Presse (AFP)